Elle savait qu’elle allait se faire détester. Et c’est peut-être aussi ce qui l’a poussé à la publier. La semaine dernière, l’ONG Bloom a partagé une « liste rouge des navires destructeurs » censée montrer quels navires ont pêché dans des aires marines protégées en 2024. Cette liste donne le nom de 4.500 chalutiers et est présentée par l’association environnementale comme « un outil clé en main permettant aux enseignes de la grande distribution de s’engager pour la protection de l’océan et des pêcheurs artisans ». Sans surprise, la diffusion de cette liste a provoqué un tollé dans les rangs des professionnels de la pêche, qui n’ont pas du tout goûté la méthode ni apprécié de voir le nom de leur bateau ainsi épinglé. Dans un communiqué, le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins des Pays-de-la-Loire dénonce des « méthodes complotistes » et la « manipulation de l’opinion publique » visant à « déstabiliser toute une filière jusqu’à sa disparition ». Les professionnels du secteur insistent : « Aucun pêcheur professionnel, quel que soit son métier, ne peut accepter un tel acharnement, un tel manque de discernement, une telle haine envers toute une profession. » Les tensions sont vives depuis des années entre l’ONG et les pêcheurs français, qui tentent de défendre leur modèle face à la concurrence européenne et mondiale. Ils estiment qu’ils exercent « dans une parfaite légalité, mais aussi et surtout en suivant scrupuleusement des règles drastiques en matière de gestion de la ressource ». Ce n’est pas l’avis de Bloom : « Le chalut est l’une des pires techniques de pêche qui existe, et les scientifiques sont clairs : si les aires marines protégées sont essentielles pour protéger l’océan, il y a urgence à véritablement les protéger en y interdisant le chalutage », dénonce l’ONG.