Procès Kadhafi : Sarkozy refuse de répondre à un « réquisitoire politique et violent »
Face au tribunal correctionnel de Paris, Nicolas Sarkozy a choisi la rupture. Refusant de répondre aux accusations du parquet financier, l’ancien chef de l’Etat a dénoncé un « contexte médiatique et politique détestable » et un « réquisitoire politique et violent » qu’il refuse d’alimenter. A quelques instants de la clôture de ce procès hors normes, il a préféré le silence aux joutes verbales. « Non… pour deux raisons », a-t-il répondu sobrement à la présidente de la cour, interrogé sur sa volonté de prendre la parole. Une déclaration qui a provoqué des rires dans la salle, immédiatement suivie d’une justification. « D’abord parce que mes avocats ont parlé et bien parlé, deuxièmement parce que le contexte médiatique et politique est détestable. » Une allusion directe au jugement rendu contre Marine Le Pen le 31 mars. « Je ne suis pas ici pour faire de la politique » Nicolas Sarkozy a cependant précisé : « Je ne veux rien dire devant votre tribunal sur la conduite de votre audience qui puisse alimenter cette polémique. » Avant d’ajouter, dans un ton plus grave : « Je ne suis pas ici pour faire de la politique mais pour défendre mon honneur et que la vérité soit faite. » Au terme de trois mois d’audience, où il est accusé d’avoir bénéficié d’un financement occulte venu de Libye pour sa campagne présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy s’est assis pour la dernière fois aux côtés de ses anciens ministres Claude Guéant, Brice Hortefeux et Eric Woerth, tous poursuivis également. Dans la salle pleine à craquer, sa femme Carla Bruni et ses fils Jean et Pierre étaient présents pour le soutenir. « Le financement n’existe pas » Le 27 mars, le Parquet national financier a requis sept ans d’emprisonnement, 300.000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité contre l’ancien président, qu’il soupçonne d’avoir noué un pacte de corruption avec le régime de Mouammar Kadhafi dès 2005. Mais pour la défense, « le financement n’existe pas ». Pendant plusieurs heures, les avocats de Nicolas Sarkozy ont démonté les arguments du PNF, dénonçant les « failles béantes » et les « reculades » de l’accusation. Me Tristan Gautier a remis en cause la crédibilité des deux canaux de financement présumé. Après avoir écouté la défense plaider la relaxe, le tribunal correctionnel rendra son jugement le 25 septembre prochain. En attendant, Nicolas Sarkozy reste fidèle à sa ligne : défendre son honneur, sans céder à ce qu’il estime être une instrumentalisation politique de la justice.