« J’avais 29 ans. Je passais tous les jours près de ce chien du quartier, en liberté devant sa maison. Un matin, alors que je marchais, il m’a mordu le mollet ». Vingt ans durant, le traumatisme de cette morsure a affecté Sylvie Drévès. La moindre vue d’un toutou, de n’importe quelle taille, s’est instantanément traduite, pour la Plouguinoise, par des crispations, l’accélération cardiaque et autres symptômes d’une phobie qui vous prend à la gorge. Son cas est loin d’être unique. « On estime que 10 % de la population française a peur des chiens », relève Katell Le Corre. « Certaines personnes s’isolent socialement chez eux pour cette raison », poursuit l’éducatrice canine de Portsall, habituée à déstresser des chiens qui ont peur des humains et a décidé d’ajouter l’inverse à la panoplie de prestations de son entreprise « Autour du chien ». Thérapie encore assez méconnue « Je me suis formée à la désensibilisation à la cynophobie chez Aurélie Frérou (Ancenis/44), comportementaliste canine depuis 20 ans », précise la Nord Finistérienne. Cette discipline thérapeutique n’a pas encore beaucoup de représentants dans le pays de Brest. Beaucoup de gens ignorent son existence. Katell Le Corre a accueilli sa première et seule cliente (pour le moment) en mars : Sylvie Drévès, justement. « Cette peur me gâchait la vie, m’obligeait à faire demi-tour en randonnée. J’ai vu l’annonce de Katell sur Facebook ». La première séance cerne l’origine de la phobie. « J’explique ce qu’est un chien, ce qu’il ressent dans certaines situations, pourquoi il réagit ainsi ». À lire sur le sujet Quel est le comportement à adopter face à un chien agressif ? Le husky pépère de Katell permet une première immersion en douceur. La séance suivante, c’est la tonique malinoise qui teste les progrès en promenade grandeur nature. Sylvie Drévès en a accompli d’énormes en trois cours. Avec contrôle surprise réussi : « En rando, toute seule, dans le Morbihan, je suis tombée sur deux gros chiens statiques sur le chemin. J’ai marché en les ignorant. Je me suis quand même retournée après les avoir passés. Ils n’avaient pas bougé ! » La promenade avec la tonique malinoise de Katell en main a aidé Sylvie à franchir un nouveau pas important vers la désensibilisation à sa cynophobie. (Le Télégramme/Katell Le Corre) Conseils pratiques Sylvie a pratiquement pardonné à celui qui lui avait tourmenté le mollet : « J’ai plus ou moins compris pourquoi il m’avait mordu. C’était une impulsion, une façon à lui de s’exprimer mais peut-être pas contre moi ». Jusqu’à adopter un chien ? « Pourquoi pas ». À ceux qui la croiseront en sa compagnie sur un chemin de rando et ressentiront la peur, elle pourrait transmettre ces bons conseils de Katell : « Déjà, verbaliser, dire au propriétaire du chien que vous n’êtes pas rassuré. S’il n’y a pas de maître, travailler sa respiration pour baisser le cardio et les signes de peur, ne pas croiser le regard du chien qui l’interpréterait, sinon, comme une invitation à se rapprocher et le contourner, si besoin, un réalisant un demi-cercle autour de lui ». Leur façon de se saluer et de se quitter bons amis. Pratique Newsletter Les immanquables à Brest Le récap de l’actualité brestoise, du lundi au vendredi dès 12h Adresse e-mail Nos autres newsletters