Les Etats-Unis ferment leur service de lutte contre la désinformation étrangère, au prétexte de la «liberté d’expression»

Nul doute que Vladimir Poutine et les armées de trolls russes doivent se pourlécher les babines. L’administration Trump a annoncé ce mercredi 16 avril au soir la fermeture du service américain de lutte contre la désinformation en provenance de pays étrangers. Une décision justifiée par le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, par la nécessité selon lui de «défendre la liberté d’expression des Américains». «Sous l’administration précédente, ce service, qui coûte chaque année plus de 50 millions de dollars au contribuable, a dépensé des millions pour faire taire les voix d’Américains qu’il était censé défendre», a accusé le chef de la diplomatie américaine, dans un communiqué. «C’est l’antithèse des principes même que nous devrions défendre et inconcevable dans un pays comme l’Amérique», a-t-il ajouté. La fermeture du service de Lutte contre la manipulation de l’information et les ingérences étrangères (Counter Foreign Information Manipulation and Interference) survient pourtant au moment où des experts mettent en garde contre le risque de campagnes de désinformation de la part de la Chine et de la Russie. Fondé en 2016 sous le nom de «Global Engagement Center» (GEC), il est depuis longtemps dans le collimateur des élus républicains, qui ont bloqué son budget fin 2024. L’annonce survient surtout à une période où la diplomatie américaine est censée proposer une baisse de 50 % de son budget via des fermetures d’ambassades et l’arrêt de programmes de coopération. Le service a également été épinglé par Elon Musk, chargé par Donald Trump d’une mission d’amaigrissement de l’Etat fédéral. En 2023, le patron du réseau X avait qualifié le GEC de «pire censeur au sein de l’Etat américain» et de «menace pour la démocratie». Ingérence russe lors de la première élection de Trump Le service avait démarré quelques mois avant la première élection de Donald Trump, qui avait été marquée par des accusations d’ingérence russe. Un rapport de 2019 du procureur spécial Robert Mueller avait notamment établi que l’Etat russe s’était «immiscé dans l’élection présidentielle de 2016 de façon systématique». Moscou a toujours démenti toute implication - notamment l’utilisation rapportée de hackers et de «trolls» sur les réseaux sociaux.