C’est officiellement un « miracle ». L’Eglise a proclamé, mercredi, la 72e guérison « inattendue, complète, durable et inexpliquée », celle d’une femme atteinte d’une sclérose latérale primitive depuis cinq ans. Antonietta Raco, une Italienne de 67 ans, souffrait de douleurs musculaires et était obligée de marcher avec des béquilles avant d’être guérie de cette maladie, pourtant incurable, après s’être rendue à Lourdes lors d’un pèlerinage. Des caractéristiques que partagent tous les « miracles » reconnus par l’Eglise, bien que certains soient plus… spectaculaires que d’autres. Pierre de Rudder, ou la guérison des blessures C’est le 8e « miracle », reconnu en 1908. Âmes sensibles, s’abstenir : en 1867, la jambe gauche du Belge Pierre de Rudder est broyée par un arbre alors qu’il aidait des bûcherons à le déplacer. Il souffre alors d’une fracture ouverte du tibia et du péroné, qui se développe ensuite en une plaie gangreneuse qui attaque ses tissus musculaires et ne cicatrise pas. En 1875, ne constatant toujours aucune amélioration, il décide de se rendre à Oostakker, une ville belge où une réplique de la « Grotte de Lourdes » a été aménagée. C’est là que le « miracle » se produit : après avoir bu de l’eau et fait le tour de la Grotte, il se lève sans difficulté et marche. Sa jambe avait totalement cicatrisé. Pierre de Rudder n’est pas le seul dont les blessures ont « miraculeusement » disparu : Joachime Dehant, un autre Belge souffrant d’un ulcère de la jambe droite avec gangrène très étendue, et Rose François, atteinte d’une inflammation douloureuse au bras droit avec un énorme œdème, figurent également parmi les cas de guérison « inattendue, complète, durable et inexpliquée » reconnus en 1908. Les blessures de guerre de John Jack Traynor Le « miracle » de John Traynor est le 71e, reconnu en 2024. Touché par des tirs de mitrailleuse pendant la Première Guerre mondiale, il perd l’usage de son bras droit et souffre de crises épileptiques malgré plusieurs opérations, raconte le sanctuaire de Lourdes sur son site. Une trépanation (un trou dans la boîte crânienne), censée guérir son épilepsie, le paralyse des deux jambes en 1920 et le soldat est déclaré incurable peu après. Il guérit pourtant le 25 juillet 1923 lors d’un pèlerinage à Lourdes, et y reviendra ensuite chaque année. Les trois guérisons de Marie Bigot Impossible d’évoquer les guérisons inattendues les plus spectaculaires sans mentionner le cas de Marie Bigot, considérée comme une « double miraculée » par l’Eglise. La Bretonne, atteinte d’une infection au cerveau, a perdu la vue et l’ouïe et est paralysée du côté droit. En 1953, elle se rend à Lourdes pour la deuxième fois et parvient à se lever et à marcher. L’année suivante, elle retourne au sanctuaire et retrouve cette fois-ci la vue et l’ouïe. Le « double miracle », qui concerne trois affections, est reconnu en 1956. Elle est décédée en 2016 à 93 ans. D’autres cas de guérisons d’affections similaires figurent sur la liste des « miraculés ». On peut citer Francis Pascal, débarrassé de sa paralysie et de sa cécité en 1938, ou Marie Biré, guérie de sa cécité d’origine cérébrale en 1908. Les tumeurs et cancers De nombreuses personnes ayant guéri de cancers de diverses formes figurent parmi les « miraculés » de Lourdes. On retrouve par exemple le cas de Sœur Saint-Hilaire, dont la tumeur abdominale a disparu après un pèlerinage en 1904, ou Rose Martin, guérie d’un cancer du col de l’utérus en 1947. Plusieurs guérisons de sarcomes, des tumeurs cancéreuses, ont aussi été considérées comme des « miracles ». Les scléroses en plaques Autres guérisons spectaculaires : celles des scléroses en plaques, dont quatre ont été reconnues comme des « miracles » par l’Eglise. La plus ancienne concerne Théa Angèle, guérie en 1950, à 20 ans, de la maladie dont elle souffrait depuis six ans. La plus récente est celle de Jean-Pierre Bély, dont l’affection évolutive depuis quinze ans a disparu en 1987. Des guérisons d’autant plus « inattendues, complètes, durables et inexpliquées » que la sclérose en plaques est incurable et peut être, même de nos jours, seulement stabilisée. Les « miracles », définis dans le dictionnaire de l’Académie française comme des « phénomènes qui dérogent aux lois ordinaires de la nature et auxquels la science ne peut assigner aucune cause », sont décrétés lorsque sept critères bien particuliers sont remplis. Si le caractère divin est évidemment impossible à prouver, les médecins qui donnent leur aval pour la caractérisation de « miracle » considèrent que la guérison est « inexpliquée dans l’état actuel [des] connaissances ».