2017. Un moment charnière dans l’évolution des tarifs de nos smartphones modernes en France. Cette année-là, l’iPhone X et le Samsung Galaxy Note 8 sont les premiers produits dans leur configuration de base à dépasser la symbolique barre des 1000 euros. De peu pour Samsung, soit 1009 euros et allègrement pour Apple, puisque l’iPhone X de 64 Go fut officialisé à 1159 euros. Petit à petit, la concurrence a suivi. Oppo Find X à 999 euros en 2018, Huawei Mate 30 Pro à 1099 euros en 2019, Sony Xperia 1 à 999 euros en 2019. Cette hausse s’expliquait autant par les avancés technologiques du moment, que par un contexte de flambée des prix des composants. Se créer alors un nouveau secteur, celui du premium. Soit un étage encore au-dessus de ce qui était jusqu’à présent appelé le haut de gamme. Pour le coup, Xiaomi aurait été plus patient que les autres. Ce n’est qu’en 2023 que son entrée de catalogue atteint les 999 euros avec le Xiaomi 13. Et depuis deux ans, le constructeur ne bouge pas d’un iota ce prix d’appel. Si bien que, dans ce contexte, deux questions méritent d’être posées. Est-ce que Xiaomi a été trop gourmand en voulant finalement s’aligner sur les autres ? Ou alors est-ce que ce sont les autres qui ont les yeux plus gros que le ventre par rapport à leurs smartphones ? Décortiquer le Xiaomi 15 pour savoir s’il est au juste prix, nous apportera une réponse. Après un mois en sa compagnie, la voici. Prix et disponibilité du Xiaomi 15 Bien que cette information soit dans le titre et nous serve de fil rouge, il convient de la rappeler. Dans sa configuration de base (12 Go de mémoire vive + 256 Go), le Xiaomi 15 est proposé à 1003 euros. De son côté, la version avec la même quantité de mémoire vive, mais 512 Go de stockage s’élève à 1 103 euros. En matière de coloris, le smartphone compact premium de Xiaomi est disponible en noir, blanc, argent ou vert. Un smartphone compact qui a son propre style Comme tous les constructeurs, qui ne prennent plus réellement de risques à ce niveau, Xiaomi fait depuis deux ans dans le rafraîchissement. Comprenez par là, que l’allure et les dimensions de son smartphone premium compact n’évoluent que très peu. Là où le Xiaomi 14 mesure 152,8 x 71,5 x 8,3 mm pour 188 g, le Xiaomi 15 affiche 152,3 x 71,2 x 8,1 mm pour 191 grammes. Ces infimes différences de nanomètres et ces quelques grammes ne bouleversent pas l’avis que nous avions déjà l’an dernier. Comme son prédécesseur, le Xiaomi 15 se manipule avec aisance et plaisir. Concernant le bloc photo, Xiaomi tente toujours de se différencier. Contrairement à Samsung qui fait dans le minimalisme avec une intégration presque brute de ses capteurs, la firme chinoise continue d’opter pour un assemblage bien visible. Soit, un large carré noir assez proéminent qui a le mérite de rendre le Xiaomi 15 facilement reconnaissable. Qui dit rafraîchissement, dit tout de même quelques nouveautés. Par exemple, alors que le Xiaomi 14 était paré d’un dos en verre à la finition brillante, le constructeur opte cette année pour une finition mat. Une bonne initiative puisque les traces de doigts s’amenuisent grandement, sans pour autant totalement disparaître, tandis que le contact sur la paume de la main devient plus agréable. Pour le reste, le Xiaomi 15 se pare de presque toutes les coquetteries dignes du premium. Un lecteur d’empreinte ultrasonique sous l’écran, une certification IP68 et un cadre en aluminium qui respire la solidité. Un smartphone compact au ratio d’écran idéal Dans la famille premium des smartphones compacts, l’écran du Xiaomi fait partie des plus « grands » avec une diagonale de 6,36 pouces, soit 16,2 cm. C’est légèrement plus que l’iPhone 15 (6,1 pouces soit 15,49 cm) et que le S25 de Samsung (6,2 pouces soit 15,74 cm). Seul le smartphone Pixel 9 le talonne avec son écran de 6,3 pouces, soit 16 cm. Cependant, le Xiaomi 15 se trouve très modérément plus tassé, car moins long de 0,5 mm et moins large de 8 mm que le smartphone compact de Google. À quoi bon être aussi pointilleux me direz-vous ? Pour la simple et bonne raison que l’appréciation au quotidien d’un smartphone se joue parfois à ces différences infinitésimales. Le Xiaomi 15 réalise un compromis idéal entre préhension et taille d’écran. Bien aidé par des bordures ultras fines (1,38 mm), l’écran occupe environ 94% de la face avant. Ce qui est suffisant pour profiter de ses contenus, même lorsque l’on est habitué depuis des années, comme c’est mon cas, à des smartphones “Pro”, “Max” ou “Ultra”, et donc plus grands. Pour le reste des caractéristiques, le Xiaomi 15 évolue peu par rapport à son prédécesseur. Dalle OLED (2670 x 1200 pixels), compatibilité Dolby Vision, technologie LPTO pour un taux de rafraîchissement variable de 1 à 120 Hz et une haute résolution de 460 ppp. Tout est là. Le constructeur se permet même d’améliorer significativement la luminosité de la dalle avec un pic en HDR à 3200 nits. Sous un soleil de plomb, le Xiaomi 15 reste donc parfaitement utilisable. Par contre, Xiaomi se montre toujours un tantinet froid dans sa gestion colorimétrique en sortie d’usine. Un petit passage sur la roue chromatique permettra de réchauffer l’ensemble assez rapidement, si vous souhaitez vous rapprocher au plus près de la réalité. Un smartphone compact qui ne chauffe pas trop Apple, Samsung et Google. À l’instar de ces constructeurs, qui proposent un smartphone premium compact, Xiaomi ne fait pas de différence en termes de SoC entre son modèle classique et son modèle Ultra. Ainsi, le Xiaomi 15 dispose, bel et bien, dans ses entrailles de la puissante Snapdragon 8 Elite. Une puce qui fait littéralement des étincelles. Comme sur tous les smartphones équipés de la Snapdragon 8 Elite, le lancement d’applications est fluide et les ralentissements inexistants. De plus, il est possible de jouer à des jeux 3D avec des graphismes élevés, et ce sans souffrir de chute de framerate. Sans surprise donc, le Xiaomi 15 est un smartphone premium qui sait tout faire, bien et vite. La seule différence qu’il existe entre notre larron du jour et le Xiaomi 15 Ultra se situe au niveau de la mémoire vive. Soit 16 Go pour le smartphone le plus huppé et 12 Go pour le Xiaomi 15. Fondamentalement, hormis peut-être pour du montage vidéo et de la retouche, 12 Go sont largement suffisants pour 99% d’entre nous. Sempiternel refrain que nous aimons fredonner, la différence actuellement sur le premium se fait surtout sur la gestion thermique. Et étonnement, le Xiaomi 15 ne transforme pas en une braise incandescente. Et ce, même après plus d’une heure de gaming 3D lors d’un voyage en train. Attention, cela ne veut pas dire qu’il reste de glace, mais pour son format, la montée en température n’est pas trop mal gérée. La sensation dans les paumes n’est pas désagréable au point de devoir faire régulièrement une pause. Le smartphone compact le plus polyvalent photo En 2023, lorsque nous avons dressé le bilan de la premier année de collaboration entre Xiaomi et Leica, nous étions déjà persuadés de deux choses. La première est que ce choix stratégique permettrait sans doute à Xiaomi de devenir le constructeur le plus performant en matière de polyvalence photographique. Entre 2016 et 2022, un partenariat similaire avait permis à Huawei de se hisser au sommet de la photo sur smartphone. Un modèle comme le P30 Pro (2019) était en son temps le meilleur photophone. La seconde est que cette ascension de Huawei s’est faite progressivement en suivant une courbe d’apprentissage avec les ingénieurs de Leica. Après plus d’un mois avec le Xiaomi 15, nous n’avons plus de doute possible. Ce travail en commun commence à porter ses fruits de manière spectaculaire. Certes, la proposition photographique du Xiaomi 15 Ultra est plus musclée, notamment grâce à un capteur principal de 1 pouce et un périscope de 200 mégapixels. Pour autant ce modèle se réserve à quelques aficionados de la photo. Là où le Xiaomi 15 ambitonne de séduire plus largement les foules. Et vu ses capacités en photo, il ne les décevra pas. D’un point de vue purement technique, voici la configuration du Xiaomi 15 : Un capteur grand-angle de 50 Mpx de 1/1,31″ avec ouverture à F/1.6 Un ultra grand-angle de 50 Mpx de 1/2.76 » avec ouverture à F/2.2 Un téléobjectif x2,6 de 50 Mpx de 1/2.76 » avec ouverture de F/2.0 Et un capteur à selfie de 32 Mpx avec ouverture de F/2.0. N’y allons pas par quatre chemins. Les trois capteurs du Xiaomi 15 offrent des résultats de haute volée. La plage dynamique est gérée à la perfection et les clichés fourmillent de détails. Surtout, il est presque impossible de les prendre en traître. Contre-jour, portrait par le bas, scènes avec différents contrastes, photo en intérieur sans luminosité, photo de nuit avec de nombreuses sources de lumière… Il s’en sort toujours avec brio. D’ailleurs, ne vous fiez pas à ce que vous voyez à l’écran, car les algorithmes de traitement font un travail vertigineux par la suite. En plus de cette qualité technique, saluons également l’interface photo capable de plaire à la fois aux plus pointilleux, mais aussi à ceux qui aiment la simplicité. Pour les premiers, le mode « Pro » est vraiment complet avec la possibilité d’enregistrer des presets en fonction de l’utilisation. Par exemple, régler la vitesse d’obturation, la balance des blancs ou encore les ISO. Pour les seconds, en plus du choix entre le mode « Leica Vibrant » ou « Leica Autethic », il est possible de créer sa propre patte photo comme sur iPhone en optant pour des clichés plus ou moins contrastés ou plus ou moins chauds. Et que dire du mode « Portrait » ? Le changement entre les focales (23 mm, 35 mm, 60 mm, 75 mm) et la gestion du bokeh sont d’une facilité déconcertante à prendre en main. Notons deux points légèrement frustrants, tout de même dans cet ensemble. Bizarrement, l’ultra grand-angle trébuche parfois sur deux aspects largement à la portée de Xiaomi et de Leica. À savoir, une gestion aléatoire de la distorsion dans des environnements réduits, comme dans une rue étroite, ainsi que l’apparition d’un peu de bruit sur les bords. Et ce, même parfois en journée. De plus, le traitement logiciel de base du Xiaomi 15 peut paraître parfois un peu trop mordant. Les amoureux du naturel le remarqueront, notamment sur les contrastes et les couleurs vives. Un brin taquin, je dirais même que Xiaomi nous fait là, du Samsung d’il y a 3 ans. Rien de bien grave, il faudra juste passer un peu de temps dans les réglages pour trouver chaussure à votre pied. Le smartphone compact le plus rapide à se recharger Comme quoi, on peut être un smartphone compact et léger de 191 grammes tout en cachant bien son jeu. En effet, le Xiaomi 15 possède une batterie de 5240 mAh. C’est bien plus que son prédécesseur qui plafonnait à 4610 mAh. Pour réussir ce tour de passe passe, la firme asiatique à opter pour un batterie en silicium-carbone, une nouveauté introduite en France en 2024 par le Honor Magic V2. Cela permet d’avoir plus de réserve de charge dans un composant moins encombrant. Malgré cela, le Xiaomi 15 ne nous épate pas par son autonomie. En tirant sur la corde avec beaucoup d’activité énergivore et environ 6 heures d’écran, il est déjà à bout. Au bout du compte, il est possible de tenir une grosse journée en usage intensif, mais pas plus. Au regard du temps moyen passé les français sur leurs smartphones, 3h par jour, cela peut paraître suffisant. Pour les autres, ceux qui s’adonnent régulièrement à du gaming 3D et du streaming vidéo, cela paraîtra tout juste. Côté charge, Xiaomi reste droit dans ses bottes et propose une charge filaire ultra rapide à 90 W. Avec le chargeur propriétaire, le Xiaomi 15 reprend totalement des forces en moins de 50 minutes. Dans la famille des smartphones compacts, il fait donc mieux que l’iPhone 15, le Galaxy S25 et le Google Pixel 9. Interface et fonctionnalités d’IA : le seul talon d’Achille Fonctionnant sous Android 15 avec la surcouche maison HyperOS 2.0, le Xiaomi 15 est globalement agréable à utiliser. Avant cela, il sera à nouveau nécessaire de désinstaller quelques bloatwares comme AliExpress ou Booking… Sur un smartphone de ce prix, c’est anormal. Après ce rapide nettoyage et l’activation d’un tiroir d’application pour mieux se repérer, l’expérience d’HyperOS 2.0 commence petit à petit à arriver à maturité. Les animations sont fluides et les menus regorgent de personnalisations. D’ailleurs, doubles mentions spéciales. Le dock latéral facilitant le multitâche et les gestes tactiles sont vraiment pratiques, une fois qu’on les a adoptés. Revers de la médaille, il faut un temps nécessaire d’acclimatation pour pouvoir profiter un maximum de cette richesse. Là où Samsung, Google et Apple misent sur une facilité de prise en main, Xiaomi préfère étaler en masse ce qu’il sait faire. Une façon de faire qui ne plaira pas forcément à tout le monde. Même son de cloche pour les fonctionnalités d’IA. Xiaomi intègre bien Gemini ainsi que ses propres outils HyperAI. Et à l’appel, personne ne manque : transcription vocale, retouche d’images, traduction instantanée ou encore assistance à la rédaction. Hélas, hormis les retouches d’images, il faudra s’armer de patience pour comprendre où et comment utiliser chacune d’entre elles. Autre grosse frustration, certains outils ne sont pas totalement intégrés. Par exemple, impossible de faire un résumé d’article sur Google Chrome. La fonctionnalité ne marche pour le moment que sur le navigateur maison Mi Browser… Idem pour l’outil de réécriture qui fonctionne dans Google Message, mais pas dans Gmail. Comme évoqué dans notre test longue durée du Galaxy S25, l’écosystème d’IA sera dans les années à venir un des gros points différenciants entre les marques. Si ce n’est le plus gros. Et pour transformer une fonctionnalité en réflexe du quotidien, les constructeurs doivent fournir un écosystème complet, intuitif et intégré dans toutes les strates du smartphone. Pour le moment, Xiaomi ne remplit réellement que la première condition. Et que dire de cette politique de suivi logiciel… Le Xiaomi 15 propose 4 mises à jour majeures, soit jusqu’à Android 19, et 6 ans de patchs de sécurité. À nouveau, c’est anormal. Pour comparaison, le Pixel 9 et le Galaxy S25 poussent le curseur à 7 ans. Ce que je pense du smartphone Xiaomi 15 Bien qu’il ne soit qu’une évolution (réussie) du précédent modèle, le Xiaomi 15 est loin d’être une imposture tarifaire. Entre son design identifiable, son écran lumineux et sa délicieuse préhension, il a de beaux arguments à faire valoir dans la guerre du meilleur smartphone compact premium. Une guerre qui l’oppose pourtant à de sacrés cadors en la personne de l’iPhone 15, du Galaxy S25 et du Pixel 9. En matière de puissance et de fluidité, il fait jeu égal avec Samsung et Apple. Le tout en sachant légèrement mieux gérer sa montée en température qu’eux. Pour la photo, même si ce n’est pas encore le plus fin techniquement, notamment sur l’ultra grand-angle, c’est en tout cas le plus polyvalent des quatre. Tandis que pour la charge, c’est sans contestation le plus rapide. Tout cela mis bout à bout, le Xiaomi 15 ne vole absolument pas son prix. D’un point de vue matériel, il vaut 1 000 euros. C’est plutôt du côté logiciel que le bât blesse. Entre ses 4 mises à jour Android et ses fonctionnalités d’IA pas totalement intuitives et pas assez intégrées au sein de l’OS, le Xiaomi 15 ne se prépare pas de la meilleure manière à l’avenir. Bon, prenons tout de même de la hauteur. Si ce smartphone était sorti en 2028 , cela aurait été un vrai problème. Fort heureusement, nous sommes en 2025 et Xiaomi a encore le temps de régler sa mire sur ces sujets. 📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.