Cette année, la chasse aux œufs de Pâques a été particulièrement humide dans le sud-ouest. A cause d’une dépression venue de l’ouest, des trombes d’eau d’une intensité inhabituelle se sont abattues sur la Nouvelle-Aquitaine pendant le week-end. «Samedi 19 avril, les cumuls de pluie ont dépassé 50 mm à 70 mm localement sur le nord de la Gironde, la Charente-Maritime, la Charente, et dans une moindre mesure en Dordogne et en Corrèze, nous explique Simon Mittelberger, climatologue à Météo France. Cela est remarquable, voire inédit par endroits.» Par exemple, Brive-la-Gaillarde, en Corrèze, a enregistré 60,8 mm d’eau en 24 heures, l’équivalent de trois semaines de pluie et une quantité journalière inédite pour un mois d’avril. Tous mois confondus, cette journée a même été la cinquième la plus pluvieuse depuis l’ouverture de la station météo de la ville en 1987. Clion, en Charente-Maritime, a de son côté reçu 52,2 mm, là aussi un record mensuel pour ce village dont la station météo date de 1957. Au total, une quinzaine de communes en Nouvelle-Aquitaine ont enregistré des quantités de pluies jamais vues en une journée d’avril. C’est aussi le cas de Bordeaux. Samedi 19 avril, 47,2 mm de pluie ont été relevés à la station de Bordeaux-Paulin, un record mensuel pour ce lieu qui récolte des données météorologiques depuis 1878. Le lendemain, près de 30 mm se sont encore ajoutés. Ainsi, en deux jours, la ville a reçu autant d’eau qu’en un mois d’avril ordinaire (74 mm en moyenne). Des crues qui se propagent encore Ces jours de forte pluie sans fin sont peu communs en avril mais cela devrait devenir plus habituel à l’avenir. «Cet épisode est cohérent avec ce que l’on attend dans un contexte de changement climatique : des précipitations pas plus fréquentes mais plus intenses, donc avec des quantités d’eau relâchées plus importantes», expose Simon Mittelberger, en rappelant qu’une atmosphère plus chaude peut contenir davantage d’humidité. Les cumuls enregistrés ces derniers jours auront au moins permis de conserver l’humidité des sols. «En mars, les précipitations avaient été légèrement déficitaires dans ces zones-là, ces pluies sont donc utiles à la végétation et elles limitent l’assèchement naturel des sols à cette période de l’année, mais avec aussi les inconvénients d’inondations localisées», note Simon Mittelberger. Quatre départements (Dordogne, Gironde, Charente et Charente-Maritime) restent en vigilance orange pour crues jusqu’à mercredi 23 avril. A Périgueux (Dordogne), l’Isle a atteint un pic à 3,43 mètres dans la nuit de lundi 21 avril à mardi 22 avril, son plus haut niveau depuis 1993. Dix campings ont été évacués dans la zone et treize routes départementales étaient encore coupées mardi matin, mais aucun dommage majeur n’a été rapporté.