Une croix détruite par des « migrants pakistanais » au Portugal ? Il n’y a pas l’ombre d’une preuve
Deuil papal oblige, l’Eglise et la chrétienté sont en vogue sur les réseaux sociaux, pour le plus grand plaisir des propagateurs de fake news. Selon de nombreux internautes, la croix de Sao Lazaro, monument historique de la ville de Creixomil, dans le nord du Portugal, aurait été détruite par des « migrants pakistanais ».
« La croix de Sao Lazaro, au Portugal, a été construite en 1386 et est restée debout pendant des siècles. Jusqu’à ce qu’elle soit détruite par des immigrants pakistanais ! » s’insurge l’un d’entre eux dans un message copié-collé par de nombreux utilisateurs.
Pas de trace de ces « migrants pakistanais »
C’est une fausse information qui remonte à… juillet 2023, date de l’effondrement bien réel du monument. Dans un communiqué publié sur Facebook à l’époque, la paroisse de Creixomil expliquait que dans la nuit du 30 juillet, aux alentours de 22 heures, la croix a été détruite « par accident ou éventuel vandalisme ». Elle ajoutait que la police s’est rendue sur place pour protéger les restes du monument et lancer une enquête. Dans les commentaires de cette publication, des milliers de Portugais s’attaquaient déjà aux « immigrés » ou aux « islamistes », alors que cette thèse n’est soutenue par aucun élément. En réponse à ces accusations xénophobes, la paroisse appellait au « calme » et à respecter le travail des autorités.
Interrogé par l’Observador, le président du conseil paroissial de Creixomil, António Gonçalves, expliquait ne pas croire aux théories xénophobes qui circulent sur les réseaux sociaux : « Tout cela est infondé. Tout ce qui peut être dit relève de la spéculation. J’étais sur place et j’ai entendu des témoignages réels. Lorsque l’accident s’est produit, ceux qui ont entendu le bruit sont sortis et n’ont rien vu. » Il évoque notamment la présence d’adolescents à proximité qui « auraient pu boire quelques verres et s’y adosser ».
Contactée par le journal portugais Poligrafo au moment de la polémique, la police locale assurait qu’il n’y « a aucune indication » que l’acte soit lié à des personnes étrangères, ou à des personnes d’une religion spécifique. Aucun témoin n’a vu la scène et il est donc impossible d’affirmer que cet effondrement soit d’origine criminelle.
Presque un an plus tard, l’enquête n’a pas donné suite et aucune preuve de l’implication de « migrants pakistanais » n’a été avancée par les autorités.