Mort du pape François : A quelles occasions la France doit-elle mettre ses drapeaux en berne, et qui est concerné ?
Les drapeaux français seront en berne ce samedi, jour des funérailles du pape François, décédé lundi à l’âge de 88 ans. La décision a été prise et annoncée par les services du Premier ministre François Bayrou mardi, au lendemain de la mort du souverain pontife. Un hommage national pour un homme dont les prises de position en faveur de la paix internationale ont été unanimement saluées. Sauf par quelques voix de La France insoumise, qui estiment, comme Matthias Tavel que « la République n’a pas à rendre hommage au chef de l’Église catholique ». En 2005, François Bayrou lui-même avait critiqué cette mise en berne pour la mort du pape Jean-Paul II. Une décision de Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre, qui avait fait réagir celui qui était alors responsable de l’UDF, ancêtre du Modem. « Elle ne correspond pas à la distinction qu’il faut faire entre convictions spirituelles et choix politiques et nationaux ». Le centriste avait même ajouté qu’il « n’aurait certainement pas pris une telle décision ». Mais qu’est-ce qui dicte la mise en berne des drapeaux en France ? Un seul texte fait foi et il ne dit pas grand-chose. Dans quel contexte le drapeau français est-il mis en berne ? La mise en berne du drapeau tricolore n’est obligatoire et systématique qu’après la mort d’un président de la République. Ce fut le cas le mercredi 9 décembre 2020, en hommage à l’ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing. Décédé l’année précédente, l’ancien président Jacques Chirac avait eu les mêmes honneurs. « Lors du décès du Président de la République, les drapeaux et étendards des armées prennent le deuil, les bâtiments de la flotte mettent leurs pavillons en berne », précise le décret du 13 septembre 1989 dans son article 47. « Toutes les autres dispositions concernant les funérailles du Président de la République, ainsi que la durée du deuil, sont réglées par le gouvernement », détaille le texte. Précisons que la mise en berne consiste normalement à abaisser le drapeau pour le placer à la mi-hauteur de son mât. En général, les administrations préfèrent le nouer au sommet du mât. Si elle est prise au niveau national, la décision de la mise en berne des drapeaux revient au gouvernement ou au président de la République. Tous les bâtiments publics ornés d’un drapeau tricolore doivent suivre ces instructions, même si aucun texte n’oblige à la base au pavoisement des édifices publics. Il s’agit toutefois d’un usage républicain très répandu. Les personnalités étrangères ont-elles le droit à ces honneurs ? En 2013, François Hollande avait décidé de la mise en berne du drapeau bleu blanc rouge à l’occasion de la mort de Nelson Mandela. « Un hommage rare pour une personnalité étrangère », soulignait alors Le Figaro. C’est vrai. Avant le dirigeant sud-africain, plusieurs papes avaient eu droit aux mêmes honneurs. On peut citer aussi l’exemple de l’ancien président américain Ronald Reagan ou encore le dirigeant russe Joseph Staline et même celui du dictateur espagnol Franco. Depuis Nelson Mandela, la reine Elizabeth II est la seule représentante étrangère à avoir eu droit aux mêmes honneurs en 2022. Né en Argentine de parents immigrés italiens, le pape François sera le second étranger à y avoir droit depuis douze ans. Que se passe-t-il pendant un deuil national ? Les drapeaux français peuvent aussi être mis en berne à l’occasion d’un deuil national, qui peut durer plusieurs jours. Ce fut le cas en décembre dernier, en hommage aux nombreuses victimes du cyclone Chido qui avait ravagé Mayotte. Ces dernières années, la France a malheureusement souvent mis son drapeau en berne pour rendre hommage aux victimes du terrorisme : en l’honneur du professeur Samuel Paty en 2020, après les attentats du 14 juillet 2016 à Nice, ou encore après les attaques ayant frappé Paris en 2015. En 2016, trois jours de mise en berne des drapeaux avaient été décrétés à la suite des attentats du 22 mars à Bruxelles (Belgique). Ce fut également le cas après les attentats survenus à Madrid en 2004.