Budget 2026 : Impôts, retraités… Quelles pistes François Bayrou peut-il envisager pour trouver 40 milliards d’euros ?
L’histoire (budgétaire) est un éternel recommencement. Quelques semaines après avoir fait voter dans la douleur le budget de l’année 2025, le gouvernement se fait déjà des nœuds au cerveau pour ficeler celui de l’année prochaine. Et François Bayrou a prévenu : il faudra faire des efforts à hauteur de 40 milliards d’euros pour tenir l’objectif de déficit public à 4,6 % du PIB en 2026. Face à ce nouvel « Himalaya », le maire de Pau et ses ministres ont déjà lancé quelques pistes. On fait le point sur les hypothèses (plus ou moins plausibles) envisagées par le gouvernement. La plus optimiste : compter sur la croissance Pour réduire le déficit, le ministre de l’Economie a indiqué qu’il faudrait faire « essentiellement des économies ». Mais « ça peut être aussi une augmentation des recettes liées à la croissance », a précisé Eric Lombard. L’effet est mécanique et plutôt pratique : un rebond de l’économie française permettrait d’alléger les comptes publics. « C’est une façon de résoudre le problème, puisque ça permet d’avoir davantage de recettes », glisse Mathieu Lefèvre, député Ensemble du Val-de-Marne. « Il faudrait pour ça augmenter notre productivité et donc travailler plus comme l’a dit le Premier ministre », ajoute-t-il. Les perspectives en la matière ne sont pour l’instant guère réjouissantes : la prévision de croissance gouvernementale pour 2025 a été rabotée à 0,7 % contre 0,9 % au départ. La plus explosive : taxer les retraités La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin n’a pas écarté la possibilité de supprimer l’abattement fiscal dont bénéficient les retraités. Ces derniers peuvent en effet diminuer de 10 % leurs revenus au moment de leur déclaration d’impôts. « On ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement », a-t-elle avancé samedi. Cette suppression, défendue au Medef, pourrait rapporter 5 milliards, mais elle est loin de faire consensus au sein du bloc central. « Je l’ai dit et je le redis, c’est hors de question. Coupons dans les dépenses publiques et notamment l’assistanat plutôt que d’accabler toujours les Français d’impôts », a fustigé sur X Laurent Wauquiez, le patron de la Droite républicaine à l’Assemblée. La mesure pourrait aussi être un motif de censure pour la gauche et le Rassemblement national. La plus contre-nature : imposer les riches C’est une idée mise en place par feu Michel Barnier. L’ancien Premier ministre avait ouvert la brèche en mettant en place la contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR), appliquée aux ménages les plus aisés (revenus supérieurs à 250.000 euros par an pour un célibataire et 500.000 euros pour un couple sans enfant), qui fixe un taux minimal d’imposition de 20 %. Cette mesure de taxation des plus riches, votée dans le budget 2025 de manière « provisoire » pourrait finalement être maintenue de façon plus « pérenne », a indiqué le ministre de l’Economie. Mais cette piste n’est pas vraiment dans l’ADN des députés Ensemble et de leurs alliés. « S’il y a bien une chose qui est identifiée au macronisme, c’est cette ligne rouge de non-augmentation des impôts », soupire l’un d’eux. La plus macroniste : réformer l’assurance-chomâge Au sein de Renaissance, certains poussent pour relancer la réforme de l’assurance chômage, lancée par Gabriel Attal lors de son passage à Matignon, mais finalement jamais mise en œuvre. « Nous sommes opposés à des hausses d’impôts, même de façons déguisées. Il faut plutôt travailler plus et mieux pour pérenniser notre modèle social. On pourrait notamment relancer le chantier de l’assurance-chômage face au nombre d’emplois non pourvus en France [480 000 emplois étaient vacants au 4e trimestre 2024 dans les entreprises du secteur privé] », pousse Mathieu Lefèvre. Une manière de renouer avec le macronisme, puisque le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi a déjà été durci à plusieurs reprises depuis 2017. La plus radicale : tailler dans les collectivités Un des efforts envisagés pourrait être la mise à contribution des collectivités territoriales. « Il y a des économies à faire sur le fonctionnement de l’Etat, et notamment au sein des collectivités territoriales, en réduisant le temps de travail », assure Mathieu Lefèvre. Selon la Tribune, 8 milliards d’euros d’efforts pourraient ainsi leur être demandés dans le budget 2026, contre 2,2 milliards dans le dernier budget. Une multiplication par quatre qui n’a pas manqué d’agacer l’Association des maires de France, qui a tout bonnement boycotté la conférence sur les finances publiques organisée par le Premier ministre la semaine dernière.