À Washington, des rencontres au sommet mais pas d'accord en vue

À Washington, des rencontres au sommet mais pas d'accord en vue (Washington) Un rendez-vous du gratin économique mondial s’achève à Washington, marqué par une multitude de rendez-vous en coulisses pour trouver une issue à la guerre commerciale lancée par Donald Trump, sans résultats concrets, étant donné le nombre de fronts ouverts. Beiyi SEOW et Myriam LEMETAYER Agence France-Presse À l’occasion des réunions de printemps organisées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, des ministres du monde entier se sont pressés autour des responsables du gouvernement américain, caressant l’espoir de réduire les droits de douane imposés sur leurs produits depuis le retour du républicain à la Maison-Blanche. Au bout du compte, aucun accord n’a été annoncé. Donald Trump a pourtant assuré dans une interview au magazine Time publiée vendredi avoir conclu « 200 accords », sans en détailler la teneur. Il a aussi assuré avoir reçu un appel de son homologue chinois Xi Jinping au sujet des droits de douane, ajoutant que ce n’était pas « un signe de faiblesse de sa part ». Dans cette interview, le président américain ne donne aucun détail sur l’appel et ne précise ni sa date, ni son contenu. Pékin avait fermement démenti jeudi l’existence de négociations commerciales en cours avec les États-Unis. PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le président chinois Xi Jinping dément avoir eu un appel avec le président américain, ce que Donald Trump assure. Les autres partenaires commerciaux ne font pas mystère sur le fait qu’ils ne savent pas sur quel pied danser. En milieu de semaine, dans la capitale américaine, le commissaire européen à l’Économie Valdis Dombrovskis a ainsi regretté le « manque de clarté » concernant ce qu’attendent les États-Unis de l’Union européenne (UE). Vendredi, lors d’un point presse sous forme de bilan, il a affirmé qu’il y avait « beaucoup de travail devant nous », avant de sceller un accord. Il a aussi pointé des divergences profondes. Donald Trump considère notamment que les taxes sur la valeur ajoutée (TVA) payée par les consommateurs en Europe pénalisent les entreprises américaines. « Pour nous c’est très clair, ce n’est pas une barrière (commerciale) du tout et cela ne relève en aucun cas des négociations », a dit le responsable européen. « Plus de confusion » Selon des analystes interrogés par l’AFP, le travail ne fait que commencer. « Aucun accord n’a été annoncé mais ce n’est pas surprenant. Les accords commerciaux sont longs à négocier. Se rencontrer est une chose, mais on est encore loin de l’annonce d’un accord », observe Wendy Cutler, de l’Asia Society Policy Institute, cercle de réflexion américain. « C’est avec la Corée du Sud et l’Inde que le gouvernement semble le plus optimiste. Dans les deux cas, les pays semblent d’accord sur les grandes lignes, mais le plus dur reste à faire : fignoler les détails », note-t-elle. Depuis le Centre des études stratégiques et internationales, Barath Harithas remarque que le secrétaire américain des Finances a « vanté des progrès importants sur les négociations douanières sans que cet état d’esprit positif ne transparaisse chez ses homologues ». Tous les pays sont concernés par l’offensive douanière des États-Unis, de quoi créer un embouteillage, alors ces derniers traitent d’abord avec les partenaires jugés prioritaires, décrit-il. « C’est pragmatique, poursuit Barath Harithas, les négociations sur les questions commerciales sont notoirement fastidieuses. Elles prennent d’ordinaire des années, il est donc impossible qu’elles s’achèvent en 90 jours ». PHOTO BRENDAN SMIALOWSKI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Juste après avoir annoncé début avril des surtaxes punitives additionnelles à l’encontre de dizaines de partenaires commerciaux, Donald Trump a décidé d’une pause de 90 jours pour tous, sauf la Chine. Juste après avoir annoncé début avril des surtaxes punitives additionnelles à l’encontre de dizaines de partenaires commerciaux, Donald Trump a décidé d’une pause de 90 jours pour tous, sauf la Chine. « Il est probable qu’il faille rallonger » cette pause, le processus de négociations n’étant qu’à ses prémisses, dit à l’AFP Josh Lipsky, directeur du département de géoéconomie du groupe de réflexion américain Atlantic Council. « Les réunions (de Washington) vont s’achever (samedi officiellement) sans qu’on en sache plus qu’avant » sur « ce que le gouvernement veut dans les négociations », considère-t-il, évoquant même « plus de confusion ». Selon un responsable européen s’exprimant sous couvert d’anonymat, il y a deux canaux de négociations, pas toujours concordants : avec le secrétaire Commerce Howard Lutnick d’un côté, et avec le secrétaire au Trésor Scott Bessent de l’autre. « La seule chose dont je suis assez sûr », relève-t-il auprès de l’AFP, « c’est qu’à la fin, la décision, c’est le président Trump qui la prend. »