Luxe: le groupe Kering se prend une veste

Le pourcentage donne le tournis : - 14 % à 3,88 milliards d’euros, ce sont les comptes dans le rouge sur le premier trimestre 2025 que viennent d’annoncer François-Henri Pinault, PDG du groupe français, et sa directrice financière, Armelle Poulou. Kering subit la baisse du chiffre d’affaires de Gucci (de 24 % à 1,57 milliard d’euros) sur les trois premiers mois de l’année, alors que la marque italienne représente 44 % des ventes du groupe et les deux tiers de sa rentabilité opérationnelle. «Gucci continue à travailler au renforcement et au renouvellement de son offre, avec une bonne réception des nouvelles lignes de sacs à main», assure Kering. «Storytelling» Le groupe a nommé à la tête de la maison, fondée à Florence en 1921, Demna, venu de Balenciaga. L’annonce, le 13 mars, de l’arrivée du couturier géorgien, connu pour sa radicalité - il déclarait à Libération en 2023 que «faire une mode acceptable ou accessible ne [l]‘intéress[ait] pas» - a fait trembler les marchés et fait reculer l’action de Kering de 11 %. C’est peu dire que la pression sur les épaules du créateur est énorme. Kering poursuit là sa politique de valorisation de ses marques en misant d’abord sur le travail d’un directeur, et plus rarement d’une directrice artistique (DA), à qui le groupe donne toute liberté. Le directeur marketing d’une maison de mode, propriété d’un groupe concurrent, voit là une prise de risque : «Le groupe capitalise sur le designer plutôt que sur la marque. Quand ça marche, ça cartonne, mais quand ça ne fonctionne plus, tout risque de s’effondrer. Pour Kering, l’interprétation du DA prévaut, là où LVMH impose un cahier des charges à ses designers, et met avant tout en valeur les codes d’une maison, son ancrage historique, et le storytelling qui va avec.» Impossible pour les autres marques du groupe dirigé par François-Henri Pinault de rattraper le retard, alors que les ventes de Saint Laurent sont en recul de 8 % à 679 millions d’euros, et que les «autres maisons», dont Balenciaga et Alexander McQueen reculent de 11 % à 733 millions d’euros. Celles de Bottega Veneta dont le directeur artistique vient de changer, Matthieu Blazy partant chez Chanel et Louise Trotter prenant les rênes de la marque, progressent, elle, de 4 % à 405 millions d’euros. «Redoubler de vigilance»