"Un sentiment de honte", après la désillusion du RCT à Vannes, Pierre Mignoni tire la sonnette d‘alarme

Absence d’état d’esprit, plus grosse contre-performance de son équipe de la saison, excuses auprès des supporters, sentiment de honte… Pierre Mignoni le sait, à La Rabine face à Vannes ce samedi, Toulon n’a répondu présent dans aucun domaine. Conscient de la perte de vitesse des siens, le directeur du rugby dresse un bilan froid et lucide de ce déplacement en Bretagne. Et assume son rôle, comme toujours. Quel sentiment prédomine après une telle désillusion et une telle prestation de votre équipe? Je tiens avant tout à féliciter Vannes, qui mérite amplement sa victoire bonifiée. Après, en ce qui nous concerne, je ressens un sentiment de honte. Je m’excuse auprès des supporters qui sont venus nombreux de Toulon. En car pour certains. Pour eux, mais aussi pour tous ceux qui sont restés chez nous. Qu’on perde un match, ça peut arriver. Mais de cette manière, c’est dur. Il faut reconnaître qu’on n’était tout simplement pas là. C’est la plus grosse contre-performance de la saison. Et même globalement depuis très longtemps. Elle arrive à un moment où on était venu chercher quelque chose ici, sur ce déplacement. Et, pour moi, il n’y avait pas de piège. On savait que Vannes allait commencer fort, qu’ils allaient porter le ballon avec beaucoup d’intentions et mettre du rythme dans tous les secteurs. Nous, on a été aux abonnés absents. C’est une belle remise en question. Pour moi, en tout cas. C’est une grosse claque. Je suis responsable de ça. Il faut que je comprenne ce qu’on a mal fait, ou ce que j’ai mal fait toute la semaine, pour qu’on soit dans cet état. Depuis le quart de finale perdu [contre Toulouse à Mayol, Ndlr], je nous trouve absents. C’est passé la semaine dernière, mais tout juste [à domicile face à Clermont, 31-24, Ndlr]. Vous parlez d’absence. Comment l’expliquer? Est-ce un problème d’état d’esprit? Clairement. Et vous savez très bien que, sans état d’esprit, il n’y a pas de rugby. C’est lié. Tu ne peux pas faire une première mi-temps comme celle qu’on a livrée. Enfin, ça peut arriver, d’autres équipes ont pu le faire ici [l’UBB avait encaissé un 29-0 à La Rabine avant de finalement l’emporter 37-29, Ndlr], mais il faut une réaction. On réussit en partie à le faire, sur l’entame de la seconde période. On repasse même devant [16-15 à la 45, Ndlr], un peu miraculeusement. Je dis ça parce qu’on tourne à -9 à la mi-temps alors que, pour moi, l’écart doit être bien plus grand. On a été dominés outre mesure. On réagit bien mais, derrière, ça s’effrite encore. On n’était pas là. Dans ces moments, il faut fermer sa bouche et se regarder soi-même. C’est la première fois de la saison que l’esprit est absent. Il faut le prendre comme un accident… mais qui ne doit pas arriver quand tu es soi-disant un prétendant à jouer le top 2. Là, tu ne joues rien du tout. On va essayer de se qualifier et d’avoir l’humilité qui nous a manqué sur ce match. Sentiez-vous venir cet accident? La défaite en quart de finale [de Champions Cup] nous a fait mal. Mais ce n’est pas une excuse. Les champions se remettent d’aplomb. On avait réussi à regagner, même dans la difficulté. À Vannes, on devait poursuivre cette dynamique et proposer autre chose. Je ne parle même pas de gagner. Je suis désolé mais j’ai honte… et je l’assume. Sentez-vous que votre équipe a pu manquer d’humilité sur ce match face à Vannes? Je me suis posé une question: quelle est la différence entre une équipe qui joue sa survie et une qui doit aller chercher quelque chose que le club n’a pas réalisé depuis dix ans. Un objectif super élevé. J’ai mal dû l’expliquer aux joueurs. Le premier fautif, c’est moi. Mais il faut remettre de l’humilité et de l’envie dans ce qu’on fait. Sans ça, tu ne peux pas rivaliser. Le top 2 est-il toujours d’actualité? À l’heure où je vous parle, cette équipe n’est pas formatée pour appuyer sur le champignon et jouer ce top 2. On va redevenir humble et essayer de se qualifier. On ne l’est pas encore mathématiquement. C’est la première chose. Ensuite, il va falloir se remettre en question pour retrouver un niveau que l’on a perdu depuis ce quart de finale. Si, parce que tu es éliminé, tout s’arrête, ça montre bien les fragilités de certains pour être des champions. Je travaille ça depuis deux ans et demi maintenant, et il y a encore beaucoup de boulot. C’est à moi de trouver les solutions et d’apporter cette rage que l’on n’a pas eue. Je tiens vraiment à féliciter Vannes, le club, les joueurs, et son stade vraiment incroyable. Je crois qu’ici les gens ont envie de voir des champions et, sur ce match, on n’a pas été des champions. Il n’y a pas de Top 14 le week-end prochain mais les demi-finales de la Champions Cup, dont Toulon a été éliminé. Quel est le programme de vos joueurs? Leur avez-vous accordé quelques jours de repos? Les joueurs vont avoir 48 heures… (il marque une pause) pour réfléchir. Et après, on va se remettre au travail comme c’était prévu. Le reste nous appartient.