« Avant, les fonds étaient protégés par le fourgon blindé, mais sans plus, relate François Daoust. Le décret de 2012 a mis en place un certain nombre de sécurités passives, qui rendent les fonds impropres à l’usage en cas de vol. Les sacoches de transport sont protégées par des ampoules d’encres maculantes qui explosent, dès qu’on essaye de les ouvrir, et mettent cette encre totalement indélébile sur l’ensemble des coupures. » Les coupures tachées étant automatiquement refusées par la Banque de France et les commerçants, les attaques de transporteurs de fonds ont chuté de 95 %, assure-t-il. « C’est le meilleur élément qui a pu être apporté en matière de protection des convoyeurs. » Moins d’espèces utilisées, moins de pièces et billets à convoyer, moins d’exposition et de risques pour les transporteurs de fonds. C’est ainsi que leur sécurité est parfois avancée comme argument pour tendre vers une réduction de l’usage des espèces. Un argument « totalement fallacieux » pour François Daoust, secrétaire général de la Fédération des entreprises de la sécurité fiduciaire (FEDESFI). Depuis un décret du 1 er octobre 2012 relatif à la protection des transports de fonds, un dispositif permettant la neutralisation des billets volés a grandement contribué à dissuader les attaques de convoi. Aussi, François Daoust soupçonne les pourfendeurs du cash d’utiliser les transporteurs de fonds et leur insécurité supposée pour arriver à leurs fins. « On est plutôt dans un conflit d’intérêts avec ceux qui veulent développer l’usage de la carte bancaire, du téléphone et de la cryptomonnaie. Ce n’est absolument pas de la protection, argue-t-il. À partir du moment où les fonds sont rendus inutilisables et qu’on n’a pratiquement plus aucune attaque du fait de la connaissance de cette protection, dire que l’on veut supprimer des espèces pour améliorer la sécurité, c’est complètement incohérent. » Disparités européennes Moins spectaculaires que les attaques de fourgons, les détournements de cryptomonnaies et vols de données bancaires en ligne génèrent en outre des préjudices bien supérieurs. « On parle de plusieurs milliards. Donc la criminalité ne s’arrête pas à la nature physique ou numérique de la monnaie, elle s’arrête où on peut voler, détourner et en bénéficier derrière. » Au-delà de sa corporation, le secrétaire général de la FEDESFI défend bec et ongles l’usage d’espèces, toujours en vogue chez les franges de population les plus précaires, en France comme en Europe, où 9 % de la population n’a pas accès à un compte bancaire pour effectuer des paiements. La Suède, qui visait un temps la fin de l’argent liquide pour son économie, a ainsi dû freiner ses ambitions en imposant qu’au moins 25 % des transactions puissent se faire en liquide, par crainte d’empêcher les adeptes du cash, souvent les moins fortunés, d’effectuer leurs paiements du quotidien. Et si 96 % des transactions se font de manière dématérialisée, chez le voisin norvégien, en raison de conditions météorologiques difficiles et d’une faible densité de population qui éloignent les habitants des points de retrait, les espèces demeurent populaires dans le reste de la zone euro. Notamment en Allemagne, en Autriche ou en Irlande, où le cash représente respectivement 69 %, 73 % et 50 % des transactions.