La minute de silence demandée pour Aboubakar Cissé vire au chaos à l’Assemblée, on vous raconte

Yaël Braun-Pivet a annoncé une minute de silence en hommage au jeune malien tué dans une mosquée du Gard. Une décision qui a suscité de nombreux remous au Palais Bourbon. POLITIQUE - La loi du silence. L’Assemblée nationale va rendre hommage à Aboubakar Cissé, le jeune malien tué vendredi dernier dans une mosquée dans le Gard, en observant une minute de silence ce mardi 29 avril à l’ouverture de la séance de questions au gouvernement. Une décision qui aura provoqué bien des remous au Palais Bourbon. Pour cause : cette demande, formulée par les groupes de gauche (élus sous la bannière du Nouveau Front populaire), a été dans un premier temps refusée par la conférence des présidents de l’Assemblée nationale, l’institution qui régit et organise les travaux de la chambre basse du Parlement. Une première décision qui a provoqué l’ire des responsables insoumis, socialistes, communistes ou écologistes, une certaine gêne dans le bloc central, et un rétropédalage en règle du côté de Yaël Braun-Pivet. Ceci, en quelques heures seulement. Mardi, milieu de matinée. Les députés de la France insoumise, puis leurs collègues, s’insurgent, lors de leur traditionnelle conférence de presse, de la décision prise par l’Assemblée. Ils fustigent tour à tour un « véritable scandale », une « honte absolue », dans le sillage de leurs critiques déjà formulées à l’encontre d’un gouvernement trop passif dans sa réaction. La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous. À ce moment-là, l’entourage de Yaël Braun-Pivet confirme bien au HuffPost que la minute de silence a été refusée en conférence des présidents, seuls les groupes de gauche (minoritaires au sein de l’instance) y étant favorable. Un choix logique selon cette même source, puisqu’il « est fondé sur une décision prise à l’unanimité le 28 janvier dernier, quand la conférence des présidents s’est accordée pour ne plus faire de minute de silence relative à des cas particuliers ». Une règle claire ? Pas franchement. Notons tout d’abord que cette nouveauté ne figure pas dans le compte rendu de la séance en question, et que plusieurs personnalités présentes lors des échanges nous expliquent ne pas se souvenir avoir discuté des modalités de ces hommages. Cela s’est fait « à l’oral », nous précise la députée socialiste Fatiha Keloua Hachi, confirmant que les élus se sont alors accordés pour ne plus faire de minute de silence systématique, car elles « devenaient trop nombreuses ». Voilà donc la règle entérinée. Mais dans les faits, elle souffre de nombreuses exceptions qui peinent à être justifiées par les principaux intéressés. Ainsi, depuis le 28 janvier dernier, l’Assemblée nationale (et sa conférence des présidents) a décidé de rendre hommage, avec une minute de silence, à son ancien président Jean-Louis Debré, mort début mars. Ou à Ohad Yahalomi, un compatriote franco-israélien tué alors qu’il était otage du Hamas. C’était le 5 mars dernier. Comment dès lors expliquer la différence de traitement avec le cas d’Aboubakar Cissé ? Le député du MoDem Bruno Fuchs n’avait pas de réponse à nous apporter, ce matin, après avoir salué dans un premier temps la décision du jour : « Certains ont demandé une exception, la présidente s’est tenue à la règle que le bureau s’est lui-même fixée. » D’autres estiment qu’il faut impérativement simplifier et préciser les critères, sans quoi les polémiques – déjà nombreuses – sont appelées à se répéter. C’est le cas par exemple de la vice-présidente de l’Assemblée nationale Naïma Moutchou, qui nous explique demander de longue date à ce que ces hommages soient réservés « aux morts pour la France, aux victimes d’attentats, de catastrophes naturelles ou autres événements à impact collectif significatif ». Et la députée proche d’Édouard Philippe d’ajouter : « En l’absence de directives précises, la présidence de l’Assemblée nationale joue un rôle central dans les décisions prises, ce qui peut entraîner des perceptions de subjectivité ou de partialité ». Un enjeu délicat pour Yaël Braun-Pivet, souvent critiquée pour l’exercice de sa présidence. Et de quoi justifier un changement de pied spectaculaire ? « J’ai décidé que soit observée une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé », a-t-elle écrit en tout début d’après-midi sur les réseaux sociaux, contrairement à ce que son entourage nous indiquait deux heures plus tôt. « Face à l’émotion légitime et compte tenu de l’ignoble instrumentalisation faite par certains de sa mort, j’ai souhaité que nous puissions saluer sa mémoire », précise encore l’élue des Yvelines, au terme d’une matinée mouvementée. À voir également sur Le HuffPost : La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. 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