Abo Nouveau chef du DDPS – Martin Pfister veut «agir vite pour la défense» Le Ministre de la Défense s’est exprimé pour la première fois sur les priorités qu'il entend fixer. Il a notamment déploré le temps que prennent les achats d’armements. Larissa Rhyn Martin Pfister a choisi de ne pas attendre les traditionnels cent premiers jours pour s’exprimer. KEYSTONE Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Le conseiller fédéral Martin Pfister a choisi de rompre l'habituel délai de silence de cent jours. Le chef du DDPS a souligné que les États-Unis «réorientent» leur politique de sécurité. La Suisse devrait considérer comme une chance le fait que l'Europe veuille se défendre de manière plus autonome. Comme sa prédécesseuse, Viola Amherd, le centriste considère la coopération transfrontalière comme une réponse aux menaces croissantes. Un conseiller fédéral nouvellement élu garde habituellement le silence durant cent jours, le temps de prendre ses marques. Pas Martin Pfister. Élu en mars dernier, le successeur de Viola Amherd, qui s’est exprimé à Berne mercredi soir, a d’abord précisé qu'il était encore en train de se familiariser avec la matière du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS). Mais, a précisé le Zougois, «les principaux champs d'action sont déjà clairement identifiables aujourd'hui», avant d’ajouter: «La sécurité de l'Europe, et donc celle de la Suisse, n'a jamais été aussi menacée depuis des décennies.» Le nouveau ministre de la Défense, qui a également participé cette semaine à la traditionnelle fête du Sechseläuten à Zurich, s’exprimait dans le cadre d’un événement organisé à Berne par l'Alliance Sécurité Suisse. Cet influent lobby de droite, fondé en 2021 et présidé par le président du PLR Thierry Burkart, défend la politique de sécurité. Et justement, «en matière de politique de sécurité, nous n'avons pas beaucoup de temps pour nous taire», a déclaré le conseiller fédéral zougois pour justifier sa prise de parole anticipée. Le chef du DDPS a plaisanté sur le fait que l'Alliance Sécurité Suisse avait été la première organisation, en dehors de son propre parti, à l’inviter en sa qualité de conseiller fédéral, et ce peu après l'annonce de sa candidature, alors qu'il ne croyait pas à son élection. «En quelque sorte, vous avez été les accoucheurs de ma confiance en moi», a-t-il déclaré aux personnes présentes à l'Hôtel National, parmi lesquelles des représentants de l'armée et des politiciens. L'administration Trump «remet fondamentalement en question l'ordre fondé sur des règles» Si l'agression russe contre l'Ukraine a détruit «l'illusion» d'une paix durable en Europe, modifiant fondamentalement l'architecture de sécurité européenne, le rôle de l'OTAN, comme celui des forces armées américaines, se voit lui aussi modifié, a appuyé Martin Pfister. L'entrée en fonction de la nouvelle administration américaine autour de Donald Trump a «encore accéléré les bouleversements dans les relations internationales», «remettant fondamentalement en question l'ordre basé sur des règles et les relations entre l'Europe et les États-Unis». La réorientation par les États-Unis non seulement de leur politique économique, mais aussi de leur politique étrangère et de leur politique de sécurité «ébranle les certitudes actuelles sur la manière de traiter avec les partenaires, les alliances et les adversaires», selon le Conseil fédéral. L'Europe est donc arrivée à la conclusion qu'elle devait se défendre de manière plus autonome, mieux protéger l’État de droit et la démocratie. «On peut voir cela comme une chance, et nous devons voir cela comme une chance», a insisté Martin Pfister. Le fait que l'Europe doive désormais assumer davantage sa propre sécurité a également des conséquences importantes pour la Suisse, appelée à «fournir des contributions substantielles à sa propre sécurité» et à «contribuer à la stabilité du continent européen», a poursuivi le conseiller fédéral. En raison de sa politique de neutralité, la Suisse est «quelque peu limitée» dans les moyens qu'elle utilise et doit chercher ses propres voies. Pour le chef du DDPS, il est clair qu’elle doit «agir rapidement et avec détermination» afin de retrouver sa capacité de défense. Le chef du DDPS a également laissé entendre que l'acquisition de biens d'armement en Suisse prenait beaucoup de temps, dont «nous ne disposons pas vraiment». Il n'a toutefois pas précisé si, et auquel cas comment, il aimerait accélérer le processus. «Nos réponses doivent être aussi transfrontalières que les menaces» Mercredi soir, le nouveau conseiller fédéral a également souligné que les défis allaient bien au-delà de la sécurité militaire, les «attaques hybrides» – vraisemblablement les cyberattaques – touchant déjà la Suisse aujourd'hui. Leur ampleur pourrait être «massivement plus grande» à l’avenir, a-t-il averti. Le centriste a par ailleurs laissé entendre qu'il souhaitait poursuivre la coopération internationale renforcée lancée par Viola Amherd. «Nos réponses doivent être aussi transfrontalières que les menaces», a-t-il déclaré. Mais, là où la Valaisanne avait mis en garde contre la brutalisation du discours politique, Martin Pfister a appelé à «combler les fossés»; il ne suffit pas de constater la gravité de la menace, «il faut maintenant que toutes les forces se rassemblent». Pour ce faire, le nouveau conseiller fédéral trouvera certainement une oreille attentive auprès de l'Alliance Sécurité Suisse. La question est de savoir s’il pourra également rallier la majorité du parlement à sa cause – et s’il parviendra à démontrer de manière crédible qu'il va aussi faire le ménage à l'intérieur de l'armée et du DDPS. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l’info? «Tribune de Genève» vous propose deux rendez-vous par jour, directement dans votre boîte e-mail. Pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Se connecter Larissa Rhyn dirige l’équipe de Tamedia au Palais Fédéral et est responsable adjointe de la rubrique Suisse. Plus d'infos @larissa_rhyn Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.