Au zoo de la Boissière-du-Doré (Loire-Atlantique), ne vous attendez pas à observer les loups du premier coup d’œil. Ils sont peut-être en train de se reposer dans un refuge hors de portée de vue des visiteurs. « Il faut être plus patient et parfois repasser un peu plus tard dans la journée », prévient Sébastien Laurent. Il y a quelques semaines, le directeur du parc implanté à 40 km à l’est de Nantes a inauguré un nouvel enclos de 17.000 m2 pour sa meute de 9 loups du Canada, « 10 fois plus grands » que le précédent. Ses concepteurs ont veillé à reconstituer un environnement propice au bien-être de cette espèce : création d’une butte de 10 mètres de haut, plantation de 300 végétaux et d’une centaine d’arbres. Ce projet qui a nécessité six mois de travaux est l’aboutissement d’un programme de réhabilitation initié en 2019 par la direction du parc qui vise à installer les carnivores dans des espaces XXL. Les lions (2020), les ours (2022) puis les panthères de l’amour (2024) ont été déplacés dans des espaces plus grands, agrémentés de rochers, mares, cascades et tunnels. La meute de 9 loups du zoo de la Boissière-du-Doré (Loire-Atlantique). - Nicolas Louineau « Nos animaux sont heureux car ils explorent en permanence » « C’est un moyen de leur offrir les meilleures conditions de vie possibles, assure Sébastien Laurent. Ces grands territoires favorisent les comportements les plus naturels et les enrichissements. Nos animaux sont heureux car ils explorent en permanence. » Si Sébastien Laurent a réussi à étendre son zoo, de 9 à 29 hectares en l’espace de 20 ans, c’est en partie grâce à des « voisins compréhensifs », principalement des agriculteurs qui ont accepté de vendre leur parcelle, en échange de terrains plus près de chez eux. Et l’homme de 52 ans tient à limiter le nombre d’espèces introduites dans ces nouveaux enclos, ce qui signifie que son effectif (1.100 animaux) devrait rester stable dans les prochaines années. La Boissière-sur-Doré qui a battu son record de visiteurs l’an passé (148.000) est loin d’être le seul zoo à s’être engagé dans la conception d’enclos gigantesques. Beauval a inauguré en 2023 une gigantesque volière sud américaine (1,6 hectare, 36 mètres de haut) conçue pour abriter plus de 500 oiseaux et une trentaine de mammifères. Les visiteurs circulent sur des passerelles et des ponts de singes, à une hauteur allant de 6 à 10 mètres au-dessus du sol, rapporte le site natureetzoo.fr. Dix huit mois de travaux ont été nécessaires au zoo de Beauval pour la construction de la nouvelle volière qui s'étend sur 1,6 hectares. - ZooParc de Beauval La Flèche a ouvert l’été dernier une plaine africaine, un espace où cohabitent des girafes, zèbres, autruches et impalas. À terme, le terrain de 2 hectares abritera une trentaine d’animaux représentant cinq espèces différentes, toutes originaires du continent africain. Cette installation qui s’élève à trois millions d’euros est le plus important projet jamais réalisé depuis la création du zoo en 1946. Il s’inscrit dans un projet d’extension plus vaste (4,4 hectares), s’étalant de 2023 à 2026. Le parc animalier de la Barden lui emboîtera le pas avec l’inauguration au cours de l’année 2025 d’une nouvelle plaine de 7.000 m2 pour ses hippopotames et ses zèbres. Mulhouse s’apprête, quant à lui, à ouvrir l’été prochain un espace de 1,5 hectare pour accueillir un millier d’animaux dont des girafes, autruches, hippopotames et reptiles. Là aussi, c’est le plus gros investissement du parc depuis un demi-siècle. Ce projet a pour ambition de sensibiliser les visiteurs à la protection d’espèces en danger d’extinction. Livré au cours de l'été 2025, le projet Horizon Africa du zoo de Mulhouse se composera d'un bâtiment de 1 200 m2 pour les girafes et d'un bâtiment tropical de 400 m2, ainsi qu'un aménagement extérieur de 10 000 m². - Parc zoologique et botanique / m2A Des efforts pour reconstituer des paysages en trois dimensions Pour Rodolphe Delord, président de l’association Française des Parcs Zoologiques (AFdPZ), ces multiples projets illustrent les efforts menés par les parcs animaliers pour offrir les « meilleures conditions de vie » aux espèces. Or, jusqu’à la fin du XXe siècle, les conditions d’accueil et le bien-être animal ne comptaient pas parmi les priorités principales des parcs zoologiques en France. Dans un article scientifique paru en 2011 La souffrance animale, face masquée de la protection aux XIXe-XXe siècles, l’historien Éric Baratay expliquait que les jardins zoologiques étaient davantage perçus comme des lieux de spectacle que comme des espaces dédiés au bien-être animal. « « La conception des enclos d’exposition doit prendre en compte les besoins de vie, augmenter l’espace mis à disposition des animaux, fournir une diversité d’éléments d’enrichissement environnemental et augmenter les possibilités pour les animaux d’avoir des interactions sociales appropriées avec d’autres animaux » Charte du bien-être animal de la World association of zoos and aquariums » Fini donc l’exposition de carnivores dans des cages, place à de vastes étendues, à des paysages exceptionnels en trois dimensions. Les responsables des zoos s’attachent à connaître les particularités et les besoins de chaque espèce pour la construction d’un nouvel enclos. Les comportements des animaux dans leur milieu naturel sont étudiés avec attention. Ont-ils besoin de prendre de la hauteur ? Ou de se déplacer d’arbre en arbre ? « Ce n’est pas uniquement la taille de l’enclos qui favorisera le bien-être de l’animal, mais son aménagement, précise Sébastien Pouvreau, soigneur animalier au zoo de Beauval depuis l’an passé. Si vous installez un groupe de lions dans un espace d’1 hectare tout plat, sans rocher, sans possibilité de se cacher, alors ils seront beaucoup plus malheureux. » Dans sa charge du bien-être animal, l’association mondiale des zoos recommande en effet d’équiper les enclos de zones de repos et de refuges afin que les animaux puissent s’isoler et ne pas être vus du public. Autre avantage des enclos XXL : la possibilité de faire cohabiter plusieurs espèces comme dans le milieu naturel. Et ainsi de fondre devant une interaction entre un bébé gnou et un bébé zèbre.