On a joué à Clair Obscur: Expedition 33 : un accomplissement majeur, avec des zones d’ombre

Lecture Zen Résumer l'article Alors qu’on attendait Clair Obscur: Expedition 33 comme le Messie en provenance d’un studio français plein d’idées, la dure réalité a transformé le rêve en douche froide. Le système de jeu, trop punitif, aura raison de nombreuses personnes. Notre test. « Une fois par an, la Peintre se réveille et peint sur son monolithe. Elle choisit un chiffre maudit et chaque personne de cet âge se transforme en fumée et disparaît à jamais. Année après année, ce chiffre ne fait que baisser et nous sommes de plus en plus à être éradiqués. Demain, elle va se lever et peindre le chiffre ’33’. Demain constitue le départ de notre dernière mission — détruire la Peintre, pour qu’elle ne puisse plus jamais peindre la mort. » Rien qu’avec son scénario, Clair Obscur: Expedition 33 impose sa patte. Une impression qui se confirme avec sa direction artistique, sublime et particulièrement inspirée, et sa bande son, envoûtante et poétique. Clair Obscur: Expedition 33 est le tout le premier jeu d’un studio français basé à Montpellier, et qui a su intriguer dès sa première présentation (on l’avait vu à la gamescom 2024 et l’envie d’y jouer était alors très forte). Héritier des JRPG, il repose sur des combats au tour par tour, avec le twist suivant : pendant que l’ennemi agit, on reste actif pour éviter de subir. Ce qui change toute la dynamique des affrontements. Clair Obscur: Expedition 33 a donc plus d’un atout dans son sac pour séduire. Il constitue à l’arrivée une immense désillusion. 6/10 Clair Obscur: Expedition 33 39,90 € sur Leclerc 44,99 € sur Amazon Points forts La direction artistique vertigineuse Un sacré premier jeu Le casting, impeccable Points faibles Le concept est beaucoup trop punitif Le studio a voulu trop en mettre Trop dur en mode normal, presque trop simple en mode histoire Le gameplay de Clair Obscur: Expedition 33 repose sur un mensonge Disponibilité Clair Obscur: Expedition 33 est disponible à compter du 24 avril 2025 sur PC, PS5, Xbox Series S et Xbox Series X. Et aussi dans le Xbox Game Pass. Clair Obscur: Expedition 33 entend se réapproprier le tour par tour pour proposer une expérience plus plaisante, avec une forte orientation sur l’action et de multiples interactions pour ne pas tomber dans l’ennui. Sur le papier, l’intention est louable, mais encore aurait-il fallu que les développeurs respectent vraiment leur promesse. Si les premières heures préfigurent une belle et grande aventure, très vite, on se rend compte que certains curseurs ont été poussés un peu trop loin. En résulte un jeu où la frustration l’emporte sur le plaisir — tout au moins avec le mode de difficulté géré sur normal. Un jeu d’action avec deux contraintes pénibles Le fait est que Clair Obscur: Expedition 33 n’est pas un jeu au tour par tour. C’est davantage un jeu d’action avec deux contraintes pénibles : des séquences au tour par tour, bien sûr, mais aussi l’immobilisation de ses personnages. Dès lors, quand le studio indique dans les paramètres que les parades et les esquives sont recommandées, c’est faux. Elles sont impératives pour survivre, face à des ennemis capables d’enchaîner plusieurs attaques sans rechigner et qui font beaucoup (trop) de dégâts quand ils touchent. Au point de vous mettre au tapis en un seul combo. Clair Obscur: Expedition 33 est hyper punitif, comme pourrait l’être un Dark Souls penseront certains. Sauf qu’on peut bouger dans un jeu d’action normal et qu’on n’est pas obligé d’encaisser un enchaînement adverse pour assimiler son timing. Dans un Dark Souls, on a le luxe de pouvoir reculer pour observer. Dans Clair Obscur: Expedition 33, il faut trop souvent encaisser les coups pour bien tout comprendre, sachant que la lisibilité des patterns est loin d’être optimale. À cela s’ajoutent d’autres règles stupides, comme les boucliers qui annulent tous les dégâts (et qui sont cumulatifs) ou encore l’obligation de réussir absolument toutes les parades pour activer une contre-attaque. Tous les personnages du jeu se jouent différemment // Source : Kepler Interactive Pour être plus juste et respecter sa promesse, il faudrait que les parades et les esquives soient davantage des bonus qui récompensent les plus doués. Mais cela nécessiterait une refonte et un rééquilibrage complets du gameplay. En mode histoire (que nous avons activé à la moitié du jeu, après avoir tant souffert), le défi de Clair Obscur: Expedition 33 est déjà un peu plus digeste — un peu trop, presque. Il faudrait un entre deux pour que l’alléchant concept fonctionne de bout en bout. On peut aussi reprocher à Clair Obscur: Expedition 33 son excès de zèle. La progression passe par plusieurs facteurs à prendre en compte : les statistiques (certaines sont liées aux armes), les compétences et les bonus passifs, qui doivent d’abord être « appris » avant d’être sélectionnés (avec des points spécifiques). Pour ne rien arranger, chaque personnage agit selon ses propres règles. Ainsi, Lune, la magicienne, crée et absorbe des pigments en fonction de la couleur des sorts qu’elle utilise. Maelle, de son côté, mise sur des postures qui agissent sur les dégâts. Quant à Monoco, il s’en remet à une roue qui le met dans un état aléatoire, sachant qu’il doit assimiler les attaques ennemies. Tout est un peu trop compliqué et c’est le signe que les développeurs ont voulu trop en mettre. Admirez la direction artistique, c’est du bel ouvrage // Source : Kepler Interactive Artistiquement, Clair Obscur: Expedition 33 est une claque Il est quand même dommage de constater que le gameplay de Clair Obscur: Expedition 33 soit autant une déception. Car, sur la forme, le titre de Sandfall Interactive est un vrai bijou. Il raconte une histoire captivante, mature et profonde, articulée autour d’une troupe de héros qui se jettent dans une quasi-mission suicide. Sans trop en dire, il y a une forme de mélancolie qui se dégage du récit, qui s’appuie sur une mise en scène soignée et une narration très poussée, avec des dialogues ciselés. Les cinématiques s’enchaînent, tout comme les rebondissements qui ne font qu’épaissir les différents arcs qui s’entremêlent. En prime, le casting vocal est incroyable — de Charlie Cox à Andy Serkis pour la VO, en passant par Adeline Chetail pour la VF. Il donne vie à des personnages complexes, nourris par des motivations et des fêlures bien travaillées. Trouver son inspiration principale dans la Belle Époque, avec une pointe de fantastique, Clair Obscur: Expedition 33 nous fait voyager dans des biomes tous plus saisissants les uns que les autres (dans lesquels on se perd, sans mini-carte, alors qu’ils adjoignent des couloirs). Il y a une élégance qui saute aux yeux, fruit d’une esthétique léchée et animée par la fameuse french touch. Tout juste pourra-t-on ressentir les ressources limitées dans l’impression graphique générale, loin d’atteindre des sommets malgré le recours à l’Unreal Engine 5 et des environnements étriqués. La mappemonde, qui permet de passer d’un niveau à l’autre, fait particulièrement peine à voir. Bestiaire variés et pouvoirs divers // Source : Kepler Interactive Il est important de souligner l’incroyable travail fourni par Sandfall Interactive. Le studio mérite un immense respect pour oser quelque chose de différent, et il y a une identité inouïe qui se dégage de Clair Obscur: Expedition 33. Pour un premier projet majeur, l’accomplissement est total. En prime, la durée de vie est hyper généreuse : il faut au minimum une bonne vingtaine d’heures pour en voir le bout, et bien plus encore pour tout explorer. C’est peut-être là aussi que le bât blesse. Avec une échelle plus réduite, sans doute que la maîtrise aurait été plus grande, et que certaines erreurs de jeunesse auraient pu être évitées. Pour aller plus loin Le top 20 des meilleurs jeux sortis sur la PS5 Le verdict 6/10 Clair Obscur: Expedition 33 Voir la fiche 39,90 € sur Leclerc 44,99 € sur Amazon On a aimé La direction artistique vertigineuse Un sacré premier jeu Le casting, impeccable On a moins aimé Le concept est beaucoup trop punitif Le studio a voulu trop en mettre Trop dur en mode normal, presque trop simple en mode histoire Clair Obscur: Expedition 33 relève de la prouesse. Voir un studio, né en 2020, pondre un tel premier jeu, avec des idées fortes, une identité claire, une direction artistique à tomber et un récit aussi complexe, mérite le respect. Il y a vraiment des choses à souligner dans ce jeu vidéo qui entend nous faire aimer les combats au tour par tour en ajoutant une donnée dynamique pendant les phases adverses. Hélas, Sandfall Interactive se prend un peu les pieds dans le tapis dans l’exécution de son concept, beaucoup trop punitif et hyper mal équilibré. Les amatrices et amateurs de timing serré apprécieront peut-être cette expérience masochiste, mais les autres tomberont forcément de haut. D’autant que Clair Obscur: Expedition 33 est une somme d’ingrédients complexes qu’il faut saisir à tout prix pour survivre. Les développeurs ne voulaient pas d’un énième jeu d’action. Sauf que leur projet en est un, et il est loin d’être plaisant. Cet article existe grâce à Numerama+ Les abonnés Numerama+ offrent les ressources nécessaires à la production d’une information de qualité et permettent à Numerama de rester gratuit. Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l’I.A, contenus exclusifs et plus encore. Découvrez les nombreux avantages de Numerama+. S'abonner à Numerama+ Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à Numerama+ Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information. C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous. 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