Qu’on se le dise très clairement : parmi les ordinateurs de bord pour cyclistes, Garmin fait figure de numéro 1. Pour débuter nos tests de GPS pour vélo, il nous fallait donc l’un des modèles les plus polyvalents de la marque. J’ai nommé l’Edge 840 dans sa version Solar. Il faut le reconnaître, Garmin a su se renouveler avec brio. Lorsque les GPS additionnels pour voitures sont tombés en désuétude avec l’arrivée d’applications performantes et gratuites sur smartphone, la marque a redoublé d’efforts pour proposer des ordinateurs de bord pour vélo connectés en GPS. Ces appareils ont révolutionné l’entraînement des cyclistes grâce à la multitude de données qu’ils peuvent recueillir, à condition d’être associés aux bons accessoires. Le Garmin Edge 840 Solar est un concentré de technologie et de connectivité, idéal pour suivre son entraînement, du moins sur le papier. Je l’ai utilisé tout l’hiver pour ma préparation, jusqu’aux premières courses de la saison, afin d’en réaliser un test complet. Design : un galet à mettre sur son guidon Sur route, l’aérodynamisme est devenu un argument marketing majeur. On ne compte plus le nombre d’équipementiers affirmant faire économiser quelques watts avec leurs produits. Ce n’est pas le cas du Garmin Edge 840 Solar, qui se contente d’afficher vos watts sans vous freiner. Son design est arrondi, mais surtout fin. Mon ancien Garmin Edge 520 était bien plus épais. Ses dimensions sont de 57,8 x 85,1 x 19,6 mm (largeur, hauteur, épaisseur), pour un poids de 88,9 grammes, soit une augmentation de presque 10 grammes par rapport à l’Edge 830. Clairement, c’est négligeable, mais si vous pensez encore que le moindre gramme compte pour un vélo performant, vous risquez peut-être de culpabiliser. La fixation Garmin s’effectue toujours par un quart de tour, peu importe le sens. Une fois le compteur en place, un point légèrement plus dur dans la rotation indique qu’il est bien verrouillé. Dans la boîte, on trouve un support à élastique permettant de le fixer sur une potence, ce que j’ai fait sur le VTT Lapierre Overvolt que j’avais en essai à cette période. Un support déporté pour cintre est également fourni ; il se fixe avec une vis à empreinte BTR. Je ne l’ai pas utilisé avec l’Edge 840, car mon cintre aéro ne le permet pas, mais je l’ai longtemps employé sur mon ancien vélo, avec l’Edge 520, sans rencontrer le moindre souci. Pour ceux qui aimeraient l’utiliser au poignet, notamment les triathlètes, il ne me semble pas que Garmin ou un fabricant tiers propose ce type de support. Généralement, c’est plutôt l’inverse : on trouve des supports permettant de fixer une montre au guidon. Enfin, cinq boutons accompagnent l’écran tactile : un bouton d’allumage/extinction et de mise en veille, un bouton de lancement et de mise en pause de l’activité, un bouton pour déclencher un tour, deux touches pour naviguer entre les pages et les menus, un bouton retour et une touche permettant d’afficher un menu pendant l’activité, pour, par exemple, déclencher un programme d’entraînement. Le tout est complété par un port USB-C avec un cache protégeant de la poussière et de l’humidité, servant à recharger l’appareil et à transférer ses données vers un ordinateur. Écran : il fait le job L’écran n’est pas le plus saisissant que l’on ait vu sur un compteur GPS, mais en même temps, on ne regardera pas une étape du Tour de France dessus… Il s’agit d’un écran transflectif TFT de 2,6 pouces avec une résolution de 246 x 322 pixels, soit 15,59 pixels par pouce. C’est un modèle compact ; pour un écran plus grand, il faut se tourner vers les Edge 1040 et Edge 1050. Pour aller plus loin On a testé le meilleur des compteurs vélo Garmin : une brillante référence, tout simplement Cet écran est lisible en plein soleil grâce à une technologie MIP ne demandant pas de rétroéclairge, bon point pour l’autonomie, mais aussi de nuit grâce à un rétroéclairage performant, au choix automatique ou manuel (un peu faible en automatique). Il dispose d’un mode jour et d’un mode nuit qui s’adapte à l’heure. De jour, les fonds d’affichage sont blancs ou gris avec des polices noires, tandis que de nuit, l’écran devient noir avec des polices blanches. Les affichages restent lisibles même en roulant. Toutefois, la visibilité des données dépend du profil paramétré : plus il y a de champs de données par page, plus la police est petite et difficile à lire. La dalle tactile est agréable à utiliser. On n’est pas au niveau d’un iPhone, mais cela suffit pour l’usage prévu. En revanche, elle peut être plus difficile à manipuler par temps humide ou avec des gants. Le compteur est certifié IPX7, ce qui le protège contre l’eau, mais des gouttes sur l’écran peuvent gêner la réactivité. Dans ces conditions, il est possible de naviguer à l’aide des boutons situés autour du boîtier. Logiciel : simple, mais efficace La partie logicielle est tout ce que l’on attend d’un compteur GPS : pas très jolie, pas très intuitive, mais suffisamment efficace pour paramétrer ses profils d’activité et ses séances d’entraînement, avant de ne plus avoir à y toucher. L’écran d’accueil peut être personnalisé avec plusieurs widgets, mais ce n’est pas indispensable. Le Garmin Edge 840 n’est pas prêt à l’emploi dès la sortie de la boîte. Avant votre première sortie, vous devrez configurer plusieurs éléments pour obtenir un affichage correspondant à vos attentes. La boutique d’applications Connect IQ permet d’aller encore plus loin en ajoutant des fonctionnalités, des champs de données et des profils déjà établis. Si vous prenez le temps de tout paramétrer, vous pourrez afficher autant de données sur votre entraînement qu’un cockpit d’Airbus A320 ! L’application mobile Garmin Connect est incontournable pour exploiter pleinement ce GPS. Elle permet d’analyser ses sorties sous tous les angles. Son interface demande un certain temps d’adaptation et son design n’est pas des plus modernes, mais elle a le mérite d’être efficace. Depuis l’application, vous pouvez aussi rechercher et créer des itinéraires, programmer des séances d’entraînement, puis les envoyer directement vers l’appareil. Garmin Connect facilite également le transfert automatique de vos activités vers Strava, Komoot et d’autres plateformes dédiées aux sportifs. Garmin Connect Mobile Télécharger gratuitement Enfin, que ce soit en branchant l’appareil à un ordinateur ou via Garmin Connect, il est possible d’exporter les fichiers .fit pour analyser les données avec des logiciels spécialisés. Données sportives : élargissez le champ des possibles En tant qu’appareil destiné aux cyclistes davantage compétiteurs, le Garmin Edge 840 Solar a tout ce qu’il faut pour suivre vos entrainement avec précision. GPS et navigation Le Garmin Edge 840 Solar est équipé de l’une des meilleures puces GPS disponibles. Il fonctionne, comme son grand frère le 1040, avec un système GNSS multibande, offrant une excellente couverture même en forêt lors d’une sortie VTT, par exemple. En plus du GNSS multibande, il est compatible avec les trois systèmes traditionnels : GPS, Glonass et Galileo. Pour aller plus loin GPS, GNSS, double-fréquence : tout comprendre à la géolocalisation des smartphones et montres connectées Tout est conçu pour garantir une précision optimale, ce que j’ai pu constater notamment lors des courses sur circuit. Mon Edge 520 avait parfois tendance à se décaler de quelques mètres au fil des tours, donnant l’impression de rouler en dehors de la piste sur la carte. Mais même après sept tours sur la même route, on constate que le tracé ne s’éloigne jamais de la trajectoire réelle. Concernant la navigation, il est possible de télécharger des parcours au format .GPX. L’appareil est doté d’un fond de carte et d’un système de guidage. Toutefois, la taille réduite de l’écran peut parfois rendre certaines intersections difficiles à appréhender, nécessitant un zoom pour y voir clair. Heureusement, une notification vous indique la direction à suivre. Et si jamais vous quittez le parcours, le GPS recalcul l’itinéraire pour vous le faire rejoindre le plus rapidement possible. De plus, une alerte vous avertit des zones dangereuses, telles que les nids-de-poule, les virages périlleux ou encore les zones de circulation dense. Perdu pendant une sortie ? Vous pouvez demander au Garmin de vous guider jusqu’au point de départ. Dénivelé L’ajout d’un système multibandes et surtout d’un altimètre barométrique offrent une excellente précision dans le suivi du dénivelé. On voit les mètres s’accumuler un par un sur le total de la sortie, ce qui n’était pas le cas auparavant. Les anciens GPS avaient tendance à afficher des variations brusques de plusieurs mètres d’un coup. Sur l’ensemble des sorties réalisées sur des terrains bien connus, je n’ai constaté aucune erreur significative dans l’enregistrement du dénivelé et de l’altitude. Fonctions sportives Ici, nous allons aborder les champs de données paramétrables sur le compteur. C’est très simple : vous pouvez afficher pratiquement tout ce que l’on peut imaginer, comme la puissance, la cadence, la fréquence cardiaque, le dénivelé, l’altitude, la navigation, la carte, la pente, la vitesse, la distance ou encore le chrono. Pour chaque catégorie, il est possible, le cas échéant, d’afficher la donnée en instantané, sur 3 secondes pour la puissance, en moyenne ou en valeur maximale. Personnellement, j’ai configuré ma page principale pour afficher le chrono total, la distance, la vitesse, la puissance, la zone de puissance, la fréquence cardiaque, la cadence et le dénivelé. Sur une page adjacente, j’ai ajouté la vitesse moyenne, la cadence moyenne, la puissance moyenne normalisée et la cadence moyenne. J’ai également affiché la fonction Stamina sur une autre page. Cette fonctionnalité analyse en continu votre puissance et votre fréquence cardiaque — si vous avez une montre ou un capteur cardio — pour estimer l’autonomie restante à ce rythme. En d’autres termes, c’est une jauge de carburant indiquant l’énergie qu’il vous reste pour continuer à rouler. Pour aller plus loin Indice Stamina de Garmin : on vous explique tout sur le score d’endurance des montres de sport Lorsque j’ai testé les pédales capteur de puissance Garmin RK200, j’ai configuré une page spécifique dédiée à l’analyse des dynamiques de cyclisme, notamment la répartition de la puissance entre la jambe gauche et la jambe droite. Vous l’aurez compris, il est possible d’afficher une quantité impressionnante de données, peut-être même trop. Il faut donc rester mesuré lors du paramétrage du compteur, sous peine de passer plus de temps à naviguer entre les pages qu’à pédaler. De mon côté, je n’ai pas choisi d’afficher la pente lors des ascensions, et ce, pour une bonne raison : la fonction ClimbPro se lance automatiquement dès que le compteur détecte une côte. Vous pouvez définir à partir de quel pourcentage de pente cette fonction s’active, ce qui évite qu’elle se déclenche au moindre pont d’autoroute. En revanche, elle se révèle précieuse dans une véritable montée ou un col. Vous bénéficiez alors d’un graphique de la montée avec différentes couleurs en fonction de la pente. Un curseur sur la carte indique le pourcentage de pente sur lequel vous roulez à l’instant T, ainsi que la distance restante jusqu’au sommet et le dénivelé qu’il vous reste à gravir. Connectivité : autant d’appareils que vous souhaitez Le Garmin Edge 840 Solar dispose de tous les protocoles de connexion nécessaires : Bluetooth, ANT+ et Wi-Fi. Dans la pratique, on utilise principalement le Bluetooth et l’ANT+. Le premier permet de connecter le compteur à un smartphone, tandis que le second sert à appairer divers accessoires comme un cardiofréquencemètre, un capteur de puissance, de vitesse ou de cadence, des dérailleurs électriques, un radar arrière, une lampe ou encore un home trainer. Le champ des possibles est très large. Pour aller plus loin Montre de sport, ceinture cardio, brassard… comment mesurer précisément votre fréquence cardiaque durant le sport Pour être honnête, je ne me suis pas servi de la connexion Wi-Fi, ou alors je ne m’en suis pas rendu compte. Pour les mises à jour, mon téléphone a téléchargé les fichiers via l’application Garmin Connect avant de les transférer en Bluetooth sur l’appareil. L’appairage des différents capteurs est simple et ne prend que quelques minutes. L’interface logicielle est bien pensée sur ce point, avec un guidage clair. De plus, à chaque démarrage, une notification indique quels appareils ont été détectés. Il est également possible de vérifier les connexions en ouvrant un tiroir accessible par un simple balayage vers le bas de l’écran. Récupérer ses données est tout aussi facile : il suffit de lancer une activité, de pédaler plus ou moins fort selon son entraînement ou sa course, puis d’enregistrer l’effort. En quelques secondes, l’activité est synchronisée avec l’application Garmin et devient consultable sous toutes ses coutures. En trois mois d’utilisation, une seule activité a été un peu récalcitrante à se synchroniser avec mon smartphone. Par ailleurs, j’ai parfois constaté des déconnexions intermittentes avec mon cardiofréquencemètre. Impossible de dire si cela vient de la ceinture ou du compteur Garmin, mais ce phénomène ne concerne que ce capteur. Autonomie : rayonnement solaire Ici, on touche à un point essentiel du Garmin Edge 840 Solar. Notez bien le dernier mot de son appellation. Selon le constructeur, la batterie offre jusqu’à 32 heures d’autonomie grâce à l’énergie solaire. Je ne roule pas 32 heures d’affilée, mais toujours est-il que cette autonomie semble largement suffisante pour 99 % des usages. Seuls les adeptes de l’ultra-distance pourraient ressentir le besoin de le connecter à une batterie externe. Ce que j’apprécie particulièrement, c’est que le compteur affiche le nombre d’heures d’autonomie restantes d’un simple appui sur l’écran lorsque vous enregistrez une activité. De même, au démarrage, le pourcentage de batterie restant s’affiche directement. Alors qu’avec mon vieux Edge 520, je réfléchissais à deux fois avant de partir avec moins de 50 % de batterie, je ne commence à m’inquiéter avec le 840 que sous la barre des 30 %. Et encore… Je peux toujours compter sur la recharge solaire pour prolonger l’autonomie si besoin. Car oui, Solar désigne bien une version équipée d’une recharge solaire. L’écran est entouré d’un petit panneau solaire qui capte l’énergie UV pour recharger la batterie, ou du moins tenter de la maintenir à son niveau. C’est une excellente idée, car on roule généralement sous le soleil. À chaque arrêt du compteur, un message indique de combien l’autonomie a été prolongée grâce à la captation solaire. Dans mon utilisation, j’ai rechargé le compteur une fois par semaine ou toutes les deux semaines, selon mon volume d’entraînement. C’est très appréciable de ne plus avoir à se soucier constamment du niveau de batterie. Et il est fort probable qu’en été, l’apport du panneau solaire me permette de me passer presque totalement d’une recharge sur secteur. Prix et disponibilité du Garmin Edge 840 Le Garmin Edge 840 est disponible depuis le mois d’avril 2023 dans le commerce. Il a été lancé en France au tarif de 449,99 euros en version standard et à 549,99 euros pour la déclinaison solaire.