«Un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros ». C’est l’objectif posé par le ministre de l’Économie Éric Lombard dimanche dernier pour réduire le déficit public dans le plan qui sera envoyé à la Commission européenne. Mais en pratique, comment réaliser ces économies ? Pour 20 Minutes, Patrice Fornalik, l’auteur du livre subtilement intitulé « Ta Gueule, c’est Agile », propose des conseils tirés du mindset agile, organisation bien connue des développeurs dans la gestion de projets, à un dénommé François B. Précisons que toute ressemblance avec des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence. Une approche inadaptée ? Au sommet de l’État, on continue de vouer une admiration tranquille à la planification rigide, façon gros classeur à anneaux, plus communément connue sous le nom d’approche waterfall et désespérément inadaptée à un monde en constate évolution. « Les ministres doivent tout anticiper, chiffrer, verrouiller douze mois à l’avance, déplore l’auteur, même si entre-temps les conjonctures humaines, environnementales, économiques changent » et que la réalité a déjà tourné la page. Parfois même, pour maintenir son budget d’une année à l’autre « il faut le consommer entièrement, même inutilement ». On ne doute pas de la sincérité de François B. dans sa quête d’économies budgétaires. Mais pour dégager 40 milliards d’euros sans paralyser l’appareil d’État ni sacrifier les services publics, il va peut-être falloir lâcher un moment la calculatrice et adopter l’approche agile. Ou, plus simplement, le livre de Patrice Fornalik. Vous pouvez aussi mater les millions de vidéos sur le sujet, ou tenter, comme à 20Minutes, le Scrum. Cette méthode dérivée d'agile est « un cadre léger qui aide les personnes, les équipes et les organisations à générer de la valeur grâce à des solutions adaptatives aux problèmes complexes » selon le Guide Scrum. Trouver un « ratio coût/valeur » Premier conseil : fixer des objectifs clairs, mesurables, mais évolutifs. Inutile de prétendre tout savoir dès le départ : « Il faut savoir où on veut aller, même si on ne sait pas encore quel est le meilleur chemin pour y parvenir », rappelle l’auteur. En d’autres termes, accepter que l’incertitude fasse partie du processus. Ensuite, il faut hiérarchiser. Toutes les pistes d’économies ne se valent pas : supprimer un guichet ou traquer sérieusement la fraude fiscale ne produit pas les mêmes effets. « Dans la logique agile, on met en avant la valeur attendue et on hiérarchise selon le ratio coût/valeur », insiste Patrice. Vient alors l’expérimentation. On lance une mesure dans un département, une région, on observe les effets, puis on décide si elle mérite d’être généralisée. L’expert précise : « il vaut mieux faire des erreurs au début que de persister dans une mauvaise direction pour sauver la face ». Encore faut-il que le système accepte l’idée même d’un retour en arrière. « Les gens » sont la priorité L’agilité impose aussi de raccourcir la distance entre la décision et le terrain. Plus on est proche des réalités locales, plus on est capable de répondre efficacement. Or, aujourd’hui, la complexité administrative freine toute réactivité. Décentraliser, c’est aussi permettre à ceux qui savent ce qui se passe de prendre des décisions utiles et rapides. Dernier conseil, il faut garder en tête la finalité. Un budget public est un outil au service du collectif. « Dans un projet agile, ce qu’on cherche à maximiser, c’est la valeur pour les utilisateurs finaux. Et en démocratie, ces utilisateurs, ce sont les gens », conclut Patrice Fornalik. Avant de rappeler, en guise de mise en garde : « Dans de mauvaises mains, c’est n’importe quoi. Dans les bonnes, c’est un levier formidable. »