Elle s’appelle Aria, mesure environ 1,70 m, bouge la tête de façon un peu saccadée, et peut tenir une conversation grâce à une IA intégrée. À première vue, on pourrait croire à une hôtesse robotisée tout droit sortie d’un parc d’attractions. Sauf qu’Aria ne passe pas inaperçue, et pas forcément pour les bonnes raisons. De la sex doll au robot de compagnie Son allure hypersexualisée a vite fait réagir les internautes : Aria ressemble à une poupée gonflable version Westworld. Et ce n’est pas totalement faux. La société qui la fabrique, Realbotix, est une branche de Simulacra, le groupe à l’origine des célèbres RealDolls, des sex dolls haut de gamme vendues depuis plus de 20 ans. Aujourd’hui, la firme affirme avoir changé de cap. « Aria n’a pas de parties génitales, elle n’est pas faite pour le sexe », insiste un porte-parole. Elle est censée accompagner les personnes seules, jouer le rôle de concierge, d’assistante ou de « petite amie numérique » pour ceux qui cherchent une présence — sans contact physique. Un virage censé faire oublier un passé trop collé au secteur adulte… mais pas si facile à effacer. Aria peut reconnaître les objets autour d’elle grâce à des caméras dissimulées dans ses yeux. Elle se souvient de vous, adapte son discours à votre profil et peut même entretenir une relation simulée à long terme. « On essaie de faire une version réelle de Her », explique Andrew Kiguel, le CEO de Realbotix, en référence au film de Spike Jonze avec la voix de Scarlett Johansson. Le robot est modulable, ses visages sont aimantés et interchangeables en cinq secondes. Son corps aussi est composé de pièces détachables, façon poupée géante personnalisable. Mais tout cela a un prix : le modèle haut de gamme coûte 175.000 $ ! Un simple buste parlant ? Environ 12.000 $. Et si vous voulez emmener votre compagne artificielle en voyage, un modèle valise existe à… 150.000 $. Realbotix tente de séduire un public plus large, en promettant des robots au service des marques, des établissements de santé ou de l’hôtellerie. Mais entre son apparence encore trop suggestive et son prix stratosphérique, Aria peine à convaincre hors des salons tech. La société espère que ses efforts d’image – comme la séparation juridique entre la branche robotique et celle des sex dolls – permettront d’attirer de nouveaux investisseurs. Reste à savoir si ce repositionnement suffira. Même sans sexe, Aria n’a pas réussi à convaincre tout le monde : trop chère, trop étrange, et toujours trop proche de son passé en silicone. Pour l’instant, le robot reste coincé quelque part entre Blade Runner, Black Mirror… et un épisode gênant de C’est mon choix.