«Avoir mon propre bateau », répond Sedou devant le théâtre du Châtelet, quand on lui demande quel est son prochain objectif après avoir obtenu sa médaille d’or de marin-pêcheur. Toute en confiance, la sérénité du jeune homme contraste pourtant avec la dureté de son parcours. Originaire du Mali, Sedou a grandi en Mauritanie. À seulement 15 ans, il entreprend un long et difficile parcours migratoire pour rejoindre l’Europe. Un chemin tortueux qui l’a aujourd’hui amené à être nommé meilleur apprenti du pays. Une fois en France, Sedou fait un premier stop à Paris. Mais désireux de trouver des opportunités de travailler dans la pêche, il se forme au lycée maritime Anita Conti de Fécamp (Seine-Maritime), un établissement partenaire des Apprentis d’Auteuil. Depuis sa création à la fin du XIXème siècle, la fondation agit pour l’insertion et l’accompagnement des jeunes en difficulté : Sedou est l’un d’entre eux. A présent, il est toujours accompagné par la fondation, via un programme nommé « La Touline », lancé pour accompagner les jeunes sortant des dispositifs de protection de l'enfance vers l'autonomie. Encouragé par ses professeurs, ses réalisations de filets sont récompensées par des médailles d’or aux épreuves départementales, régionales, puis nationales. « C’est important de mettre les travailleurs, les gens, en avant » Lors de son épreuve, il a dû réaliser un filet de barrage de 25 mètres en une vingtaine d’heures. Sa rigueur, sa dextérité, son savoir-faire lui ont permis de séduire le jury. S’il tire de la fierté de cette nouvelle récompense, il est aussi content qu’une telle remise de prix ait lieu : « C’est important de mettre les travailleurs, les gens en avant », dit-il au milieu de la foule d’apprentis qui s’agglutine pour rentrer dans le théâtre. Aujourd’hui, Sedou souhaite continuer à se professionnaliser dans ce domaine et continuer à obtenir des diplômes et des certifications. A terme, son objectif est de monter sa propre entreprise dans le secteur. Une ascension fulgurante, qui fait écho à l’histoire de son foyer : « Je viens d’une famille de pêcheurs. Mes arrière-grands-parents pratiquaient déjà le métier ». Que cette dernière médaille en soit témoin, les chiens font rarement des chats.