De l'Iran à Israël, de l’Ukraine à la Russie, comment le pape François a-t-il réussi à mettre tout le monde, ou presque, d’accord ? Les dirigeants politiques et religieux du monde entier, et de tous bords, rendent un hommage unanime au pape François après l’annonce lundi par le Vatican de la mort du souverain pontife à l’âge de 88 ans. L’une des toutes premières réactions ce lundi est ainsi venue d’Iran, qui a rapidement présenté ses condoléances « à tous les chrétiens du monde », a déclaré lors d’un point de presse le porte-parole de la diplomatie iranienne, Esmaïl Baghaï. Pays musulman, l’Iran entretient de bonnes relations avec le Vatican. « Un ami fidèle du peuple palestinien » Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a de son côté salué « un ami fidèle du peuple palestinien », a rapporté l’agence de presse officielle Wafa, en notant que le pape François « avait reconnu l’Etat palestinien et autorisé le drapeau palestinien à être hissé au Vatican ». Le président israélien, Isaac Herzog, a, lui, mis en avant « un homme de foi profonde et de compassion sans fin ». « Il accordait à juste titre une grande importance au renforcement des liens avec le monde juif et à la promotion du dialogue interreligieux comme une voie vers une meilleure compréhension et un respect mutuel », a souligné Isaac Herzog dans un message diffusé par un porte-parole de la présidence. Un pape qui « a prié pour la paix en Ukraine » En douze ans de pontificat, le pape François laisse pourtant un bilan diplomatique en demi-teinte, notamment sur le conflit en Ukraine et au Proche-Orient, selon François Mabille, directeur de l’Observatoire géopolitique du religieux et auteur du livre « Le Vatican : La papauté face à un monde en crise ». Il a notamment péché par certaines erreurs d’analyses, en particulier sur le conflit russo-ukrainien, dit le spécialiste. « C’est un pape qui a beaucoup parlé de la nécessité du dialogue et qui, sans doute, s’est trompé. C’est un pacifiste. Et c’est une de ses limites : on ne peut pas dialoguer avec tout le monde ou, si l’on veut dialoguer avec tout le monde, tout le monde ne souhaite pas dialoguer. » Il n'empêche que le président Vladimir Poutine a salué un « dirigeant sage » et un « défenseur constant des hautes valeurs de l’humanisme et de la justice ». Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté mis en avant un pape qui « a prié pour la paix en Ukraine ». Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres souligne, pour sa part, qu’il était « un messager d’espoir, d’humilité et d’humanité ». « Il laisse derrière lui un héritage de foi, de service et de compassion pour tous, spécialement ceux qui sont à la marge ou piégés dans les horreurs de la guerre », a-t-il dit. « Il a donné priorité à des pays plus périphériques » Mais ce qui lui vaut surtout ce concert de louanges, c’est que le pape a œuvré à rééquilibrer l’Eglise vers les pays du sud et à inclure davantage la base des fidèles, estime Charles Mercier, expert en catholicisme et professeur à l’université de Bordeaux. « Dans ses visites, il a donné priorité à des pays plus périphériques, où ne s’étaient pas rendus ses prédécesseurs, souvent dans des zones de conflit, des zones oubliées, où il y a très peu de catholiques, a-t-il expliqué à l’AFP. Son insistance sur l’immigration s’inscrit aussi dans cette désoccidentalisation en mettant en avant le fait que dans un processus de mondialisation, les frontières étaient à repenser. » Le président de la République démocratique du Congo, en proie à un conflit dans l’est, a par exemple salué son « engagement indéfectible pour la paix ». Le président Bola Tinubu a évoqué la « voix puissante » du pape François, « champion infatigable des pauvres », ou pour son action en faveur du climat. Le président William Ruto a rendu hommage à l’engagement « indéfectible » du pape en faveur « de l’inclusion et de la justice », évoquant « une grande perte pour les fidèles catholiques ». Le président vénézuélien Nicolás Maduro a salué lundi la mémoire de François, un « chef spirituel transformateur » dans la lutte contre les inégalités. « L’un des dirigeants les plus importants de notre époque » « On se souviendra du pape François comme l’un des dirigeants les plus importants de notre époque », a écrit de son côté l’ancien président américain Joe Biden, saluant « son combat contre la pauvreté ». It is with great sadness that Jill and I learned of the passing of His Holiness Pope Francis. He was unlike any who came before him. Pope Francis will be remembered as one of the most consequential leaders of our time and I am better for having known him. For decades, he served… pic.twitter.com/GsE03QNoHj — Joe Biden (@JoeBiden) April 21, 2025 L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires. Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies J’accepte Le Dalaï-Lama, figure spirituelle du bouddhisme tibétain, a exprimé depuis son lieu d’exil en Inde, sa « tristesse » après la mort du pape dont il a salué la « simplicité ». Même le président ultralibéral argentin Javier Milei a exprimé lundi sa « profonde douleur », et a salué sa « bonté » et sa « sagesse », malgré des « différences qui aujourd’hui paraissent mineures » entre eux. Il avait, dans ses années d’économiste médiatique et provocateur avant son élection fin 2023, exprimé à plusieurs reprises de vives critiques, voire des insultes, contre un pape François, selon lui, « gauchiste », « imbécile », avant de présenter ses excuses. L’Argentine va décréter sept jours de deuil national.