Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Business Insider L'histoire des États-Unis est intimement liée à celle des frites. Accompagnement indispensable du cheeseburger, celles que les Américains appellent «french fries» avaient d'ailleurs un temps été rebaptisées ironiquement «freedom fries», en réaction à l'opposition de la France à la guerre en Irak en 2003. Aujourd'hui encore ces allumettes de pommes de terre frites pourraient se retrouver au cœur du débat, cette fois en raison des taxes douanières souhaitées par Donald Trump. Alors que les États-Unis produisent chaque année environ 19 milliards de kilos de pommes de terre, une hausse des taxes sur les importations d'huile de colza pourrait venir mettre en péril la rentabilité de ce plat emblématique, rapporte le média en ligne Business Insider. Au point que certaines enseignes envisagent de changer de type de graisse, en revenant à des méthodes anciennes et plus coûteuses comme la cuisson au suif de bœuf ou à la graisse de canard. D'autres investissent dans des systèmes de filtration pour prolonger la durée de vie de l'huile, mais cela ne suffira pas à compenser l'augmentation des prix. Allons-nous assister à une crise de la frite aux États-Unis? Abonnez-vous gratuitement à la newsletter de Slate ! Les articles sont sélectionnés pour vous, en fonction de vos centres d’intérêt, tous les jours dans votre boîte mail. Valider Les frites ne sont pas seulement populaires, elles sont aussi parmi les produits les plus rentables de la restauration rapide. Avec des marges bénéficiaires supérieures à celles de nombreux autres plats, l'augmentation des coûts de production pourrait entraîner une réduction des bénéfices. De là à les supprimer purement et simplement des menus? Peut-être pas, même si elles risquent d'être boudées par les consommateurs, surtout aux États-Unis où l'inflation et le pouvoir d'achat sont un enjeu majeur aujourd'hui. Le secteur de la restauration américain ne sera pas la seule victime de ces tarifs imposés par la Maison-Blanche. Le Canada, principal fournisseur d'huile de colza des États-Unis, représente 96% des importations. Les nouvelles taxes douanières affectent donc directement les producteurs canadiens, menaçant une industrie qui génère des milliards de dollars. Quand la frite devient politique En mars 2025, Donald Trump a mis en place des droits de douane de 25% sur tous les produits venus du Canada, faisant fi du précédent accord commercial États-Unis-Mexique-Canada (USMCA), avant de suspendre momentanément sa mesure, face à la panique des marchés. Si elle était effectivement appliquée à la fin des 90 jours de pause, cette mesure aurait des retombées immédiates sur le commerce transfrontalier. En plus de leur huile, les États-Unis importent chaque année 1,7 milliard de dollars de frites surgelées du Canada. Depuis 2020, le pays achète plus de frites surgelées qu'il n'en produit, un déséquilibre qui coïncide avec une flambée des prix. Chez McDonald's, le prix moyen des frites a bondi de 134%, passant de 1,79 dollars en 2019 à 4,19 dollars en 2024. Henry An, professeur et président du département d'économie des ressources et de sociologie environnementale de l'université de l'Alberta, conclut: «Le prix du colza augmentera et cette hausse sera répercutée sur tous les participants de la chaîne de valeur, des acheteurs en gros aux restaurateurs en passant par le consommateur final.» Sommes-nous au début d'une grande crise de la frite?