La neige vient à peine de fondre à Calgary, en Alberta, mais des fraises, des aubergines, plusieurs variétés de tomates et même des citrons poussent derrière le bungalow de Donna Balzer. Au lieu d’acheter un sac d’épinards ternes à l’épicerie, elle peut aller dans sa serre et cueillir de jolies feuilles à l’éclat brillant, signe d’une abondance de minéraux. Et au lieu d’un bouquet d’herbes aromatiques achetées en magasin qui se ramollissent après quelques brins, elle peut cueillir ce dont elle a besoin quand elle en a besoin. «Ce n’est jamais un mauvais moment pour avoir des feuilles de basilic frais. Ce n’est jamais un mauvais moment pour avoir du romarin frais», dit-elle. Avec la flambée des prix des produits d’épicerie, il peut être tentant pour les débutants de se lancer dans la culture de leurs propres légumes. Les amateurs de jardinage affirment qu’il est possible de faire des économies, mais cela demande de la patience et de la planification. Donna Balzer, horticultrice qui enseigne et écrit sur le jardinage, a investi environ 20 000 $ dans une serre de jardin, un investissement qui, selon elle, s’est avéré judicieux après son déménagement de la Colombie-Britannique vers une maison plus petite. Ses enfants étant grands, elle a eu amplement le temps de se consacrer à ce projet, qu’elle considère comme une extension de sa maison. «Cette serre est vraiment utile pour moi, c’est bien plus qu’un simple endroit pour cultiver des plantes», explique-t-elle, assise sur une chaise de patio, tandis que la chaude lumière d’avril filtre à travers la vitre. Une autre «fabuleuse dépense»: l’installation d’éclairage de croissance à 1500 $ qu’elle a installée dans son sous-sol, où des plateaux de nouvelles plantes sont disposés sur deux étagères à roulettes. Tandis que d’autres plantent des graines au hasard avec des contenants réutilisés, Mme Balzer a choisi d’investir dans des contenants en plastique robustes de taille standard, par souci d’efficacité. Pour ceux qui manquent de temps et d’expertise, elle recommande de se concentrer sur un ou deux produits qu’ils aiment. «Le pire, c’est de se procurer un catalogue de graines et de le parcourir pour en acheter un de chaque catégorie. Du genre: « Je veux de l’endive, je veux de la coriandre », souligne-t-elle. Choisissez simplement votre catégorie préférée, et peut-être juste des fines herbes. Si vous pouvez cultiver du basilic, faites-le et échangez-le ensuite avec vos amis pour leurs délicieuses tomates.» Maggie Wysocki a commencé son jardinage autodidacte il y a près de 12 ans et documente son parcours sur son site web, From Soil to Soul. Sa famille et elle vivent sur une propriété à l’extérieur de Winnipeg, au Manitoba, où elles possèdent également une serre, des poules et des cultures rustiques qui peuvent survivre au climat difficile des Prairies. Investir au bon endroit Mme Wysocki juge que l’une de ses plus grosses erreurs au début a été d’aller à la jardinerie sans plan. «On peut facilement s’enthousiasmer lorsqu’on est sur place et qu’on a envie d’acheter des gadgets, des outils et simplement des plantes qui ont l’air originales, mentionne-t-elle. Mais d’après mon expérience, si je m’y rends sans avoir une liste précise de ce qui convient à mon jardin et des plantes qui conviennent au microclimat de mon jardin, c’est là que l’erreur arrive, car on finit par dépenser trop.» Mme Wysocki affirme que les gadgets haute technologie, comme les sondes pour mesurer la température du sol, ne sont généralement pas des investissements judicieux. «On se laisse souvent emporter par l’idée que la technologie va nous apprendre à mieux jardiner, dit-elle. Mais je pense personnellement que c’est passer à côté de l’essentiel du jardinage, qui est d’être dehors, d’observer la nature et d’en tirer des leçons.» Un système d’irrigation, en revanche, s’est avéré un achat utile pour Mme Wysocki. Elle conseille également de consacrer la majeure partie du budget d’un jardinier à la santé du sol, qu’il s’agisse de compost, de paillis ou d’une couche de terre végétale. «La santé de votre sol est primordiale pour votre jardin. C’est la base de tout, avance-t-elle. Donc, dépensez la majeure partie de ce que vous avez mis de côté, puis les semences, les plants et le matériel végétal, tout cela ne devrait représenter que 15 à 20 % de votre budget.» Elle recommande aussi de planter des cultures offrant un bon retour sur investissement. Au lieu d’un petit plant de tomatilles qui pourrait donner cinq fruits, les pommes de terre et les oignons peuvent se conserver l’hiver au froid. Les tomates peuvent être congelées et utilisées dans les sauces et les ragoûts. Elle affirme que cultiver ses propres légumes lui a permis de réaliser d’importantes économies sur sa facture d’épicerie, mais pas immédiatement. «En réalité, vous n’économiserez probablement pas d’argent au cours de vos deux premières années de jardinage, car vous ne faites qu’apprendre et acquérir des compétences, et vous dépensez et investissez pour améliorer la santé et l’écosystème de votre jardin», indique Mme Wysocki. «Mais si vous persévérez pendant trois ou cinq ans, j’ai pu le constater moi-même, vous réalisez progressivement des économies», ajoute-t-elle. Légende et crédit photo: Donna Balzer, horticultrice, enseigne des façons d’économiser en jardinant. Elle est photographiée avec quelques-unes de ses plantes à Calgary, le mercredi 16 avril 2025. LA PRESSE CANADIENNE/Jeff McIntosh